Je m'identifie

Jancis Robinson

06/05
Critique
Critique Espagne
Jancis Robinson
Diplômée du prestigieux titre de Master of Wine, Jancis est considérée comme une des plus hautes autorités du monde du vin et l’un des critiques les plus respecté. Elle présente son propre programme de vin sur la BBC et écrit pour le Financial Times. Jancis est un écrivain prolifique et ses publications sont utilisées comme livre de référence dans de nombreuses facultés d’œnologie et écoles de sommeliers.

Vous vous risquez à noter les vins espagnols dans leur ensemble au sein du panorama international,

quelle place occupent-ils, sont ils à leur place ?

Chaque vin doit être jugé pour ses propres mérites. Il est impossible de généraliser l’ensemble des vins Espagnols, comme il serait impossible de le faire avec des vins français, italiens ou australiens. Il y a des vins situés au plus haut de l’arbre, d’autres au plus bas, et une quantité énorme au milieu. Mais dans tous les cas il y a de plus en plus de vins espagnols qui sont parmi les meilleurs vins du monde.


Vous avez eu l’opportunité de déguster les «nouveaux» vins espagnols de Bierzo, Priorat, Jumilla,...

qu’en pensez-vous ?

Par nature je suis spécialement attirée par les vins qui se démarquent, qui se différencient…en tous cas beaucoup plus que par les copies de Cabernets ou Syrahs vieillis en fûts de chêne. Beaucoup des nouveaux vins espagnols appartiennent à la première catégorie.

Le marché espagnol est-il mûr ou a t’il besoin d’une structure différente pour être compétitif à l’export ?

Y-a-t’il de la place pour 60 Dénominations d’Origine différentes ?

Pensez vous que le marché devrait se centrer sur les marques, sur les appellations ou sur les deux ?

Je pense que les deux choses sont nécessaires. L’Espagne, comme la majorité des pays européens n’est pas surchargée par les marques ; des marques qui cependant sont nécessaires pour transmettre le concept et le style des vins espagnols aux nouveaux consommateurs. D’autre part je ne pense pas que 60 D.O. soient un problème, c’est beaucoup moins qu’en France et en Italie.

Quels marchés sont les plus réceptifs aux vins espagnols ?

Où doivent-ils faire le plus d’effort ?

Probablement dans les pays froids, qui ont besoin de « chaleur » en forme de bouteilles de vin avec du corps (spécialement les rouges, bien que les Albariños puissent être réellement délicieux). Je crois que le nord de l’Europe est un bon objectif mais aussi les zones du nord et du centre des USA, car ils n’ont pas de grande industrie locale du vin. Et à mon avis il n’y a pas beaucoup de sens de s’efforcer à vouloir travailler dans des endroits comme la Californie, l’Afrique du Sud ou l’Australie, ou dans les pays qui ont déjà une très forte production de vin rouge.

Pensez vous que le marché Espagnol puisse se voir menacer par les vins du «nouveau monde» ?

Tout dépend de la façon dont ils traiteront le marché Espagnol et comment ils feront leur promotion. Mais je pense que l’Espagne a tellement de styles différents à tous les prix et surtout à des prix assez bas que je ne pense pas qu’elle soit le marché typique voir une bonne cible pour les producteurs de ces pays.

En Espagne tous le monde pense que les vins Espagnols sont à la mode au niveau international ?

Pensez vous que ce soit vrai ?

Je pense que ce qui est réellement à la mode c’est la gastronomie espagnole surtout grâce à Ferrán Adriá.

Le secteur du vin en Espagne veut croire qu’il se passe la même chose pour le vin mais en réalité ce n’est pas le cas. Les critiques, journalistes et dégustateurs internationaux ont avec le vin Espagnol comme un « coup de foudre d’une nuit » mais pas au point de dire qu’il existe une mode, une fureur ou une passion comme avec la nouvelle cuisine espagnole. L’Espagne a d’excellents vins mais il lui reste un long chemin à faire, principalement en terme d’image, de promotion et de projection à l’international.

Pouvez vous donner quelques idées pour rendre le vin plus attractif auprès des consommateurs de moins de 30 ans ?

Il semble que ce phénomène soit en train de se passer en France et en Italie, où des présentations et des dégustations sont organisées sur mesure pour cette tranche d’âge. Sinon je pense qu’il faudrait faire évoluer tous les aspects graphiques, les rendre plus tendance, plus « fashion », ou alors montrer Zinedine Zidane buvant du vin...


Entrevue réalisée lors du I° Symposium International du Vin,

cédée par gentillesse à la revue Sommeliers International

par The Wine Academy (CIE Marbella)