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Château de Carles

17/05/2019
Une locomotive à Fronsac

Il y a quelques décennies, dans ses heures les plus sombres, les vins de Fronsac étaient considérés comme des « vins médecins, virils », qui servaient à remonter la santé défaillante de ses prestigieux voisins. Il fallait des locomotives pour rebâtir une réputation et montrer la voie. A Saillans, le Château de Carles fait parti de ces portes drapeaux depuis 35 ans. Et continue d’avancer en prenant de nouvelles orientations.

Le Château de Carles et sa tour carrée couronnée de mâchicoulis, c’est d’abord un site remarquable, un élégant château dont la construction remonte au XVe siècle, surplombant le vignoble et la vallée de l’Isle du haut de sa terrasse plantée de hauts cyprès, faisant songer à une petite Toscane. C’est aussi tout un pan d’histoire entre Moyen Âge et Renaissance, accueillant au XVIIe des écrivains célèbres comme La Boétie, époux de Marguerite de Carles, ou encore Montaigne. Puis ce fût au tour de la belle et illustre Marquise de Boufflers, la dernière « Seigneur de Carles », d’inviter Jean-Jacques Rousseau, Beaumarchais et Diderot. Au XIXe, la famille Chastenet de Castaing prend la tête du domaine qui sera transmis un siècle plus tard à Constance et à son mari Stéphane Droulers, par ailleurs associé-gérant de la célèbre banque d’affaires internationale Lazard Frères. Depuis 1983, désireux de donner de l’allant au vignoble, ils ont investi sur tous les fronts, replantant le vignoble où prédomine le Merlot à 90 % et rénovant les chais. En 94 naît Haut Carles, une cuvée haut de gamme, fleuron du domaine, rapidement mise à l’honneur par la presse et reconnue indiscutablement comme l’une des grandes affaires du Bordelais en terme qualité-prix. Il sera consacré 9 fois coup de cœur au guide Hachette !

La rénovation qualitative n’est jamais terminée en terres vigneronnes. Un nouveau virage est amorcé en 2018 avec à l’appui, une cartographie des 19 hectares du vignoble pour faire quelques réglages, et une nouvelle équipe. L’ancien banquier désormais à la retraite sent le vent tourner. Il s’agit de moderniser les vins. Il remplace Michel Rolland par Hubert de Boüard pour cette transition. « On cherche des vins moins extraits, moins boisés, plus charmeurs. Nous avons acheté des cuves tronconiques inversées pour initier des moyens d’extraction plus doux et avoir des tanins plus soyeux. On recherche davantage l’équilibre, l’harmonie, la fraîcheur. Notre fil conducteur : gommer la dureté. L’idée est de proposer des vins plus avenants, accessible dès leur jeunesse. Aujourd’hui, nous cherchons un style différent, plus adapté à notre génération et aux nouvelles façons de consommer, » explique Yannick Reyrel, le nouveau consultant de la propriété. La métamorphose s’accompagne d’un changement d’étiquette pour différencier les 2 crus (positionné à 26/34 euros TTC consommateur pour Haut Carles et 12/17 euros pour Château de Carles) et construire là aussi une stratégie commerciale.

Bénédicte Chapard

 

 

www.hautcarles.com