Portrait de vignerons Maumusson Laguian
Lorque vous rendez visite à Alain Brumont, il vous reçoit en toute simplicité, à sa table, entouré de tous ses collaborateurs du vignoble, des chais, des bureaux pour un déjeuner fait maison. Il est comme ça. Il se rappelle d’où il vient et il sait à qui il doit sa réussite.
Ce qu’on retient de cette rencontre, c’est sa grande humilité, un regard émerveillé qui semble encore s’étonner de son succès. Il n’a pas été longtemps à l’école mais il est premier et pionnier dans tout ce qu’il entreprend en Madiran. Le premier à construire un chai souterrain, le premier à élever le Madiran en barrique, le premier à faire l’extraction par pigeage, le premier à croire au Tannat. Ce n’est pas tant l’ambition qui lui a valu de réussir mais une grande curiosité. Alain Brumont a mille idées à la minute et il aime expérimenter. Ce qui l’a poussé à avancer, c’est son amour de sa terre et l’envie que le Madiran soit reconnu. Mais aussi de l’audace et du courage.
Il restructure le domaine familial de Château Bouscassé composé de 17 ha en 1979. Il le ressent comme une façon de s’émanciper et d’enfin donner libre court à sa créativité. Il y produit du Madiran, du Côte de Gascogne et du Pacherenc Vic Bilh. En 1980, il reprend aussi Château Montus où il ne fait que du Madiran, mais quel Madiran! Sa meilleure parcelle produit La Tyre, un vin qui se classe souvent parmi les meilleurs mondiaux. Puis, à la fin des années 80, Alain a inventé les vendanges tardives le 3 décembre 1988 et il a instauré un seul cépage, le Petit Manseng. Ces premières cuvées de vendanges tardives ont permis d'accroître la notoriété de l'appellation Pacherenc du Vic Bilh et de la positionner au côté des plus grandes appellation de liquoreux.
Mais Alain Brumont vous dira que ce n’est pas par son vin haut de gamme qu’il faut chercher à être connu. Sa politique est de faire une entrée de gamme de qualité et massivement distribuée à travers le monde, comme l’a fait la Champagne. C’est notamment ce qu’il a fait avec son Côte de Gascogne (2,5 millions de bouteilles par an en moyenne). Et il avouera même que c’est grâce à cela que les vignobles Brumont ont surmonté la crise. Pour faire le meilleur vin, Alain Brumont a d’abord recherché les meilleurs terroirs. Parti de 17 hectares, ses vignobles en couvrent aujourd’hui 240 en propre. Il a ensuite étudié le potentiel de chaque cépage constituant l’appellation, et a implanté chacun d’eux sur le sol le plus adapté. Le Tannat a trouvé en Alain Brumont son maître. Il a su prouver que cette variété était capable de produire des grands vins et de se classer parmi les 5 meilleurs cépages mondiaux.
La méthode d’Alain Brumont pourrait être surnommée de «supra-biodynamique». Alain Brumont pousse à l’extrême l’exigence d’un vin le plus naturel possible, qui exprime toutes les qualités du terroir par lui-même, en exploitant au mieux les qualités intrinsèques du raisin. Ses vignes sont protégées des vignobles voisins, et notamment de leur traitement, par des bois séparant les parcelles. Aucun intrant n’est utilisé sur la vigne, aucun insecticide n’est appliqué. L’eau utilisée est directement tirée d’une source.La flore est conservée entre les rangs pour favoriser au maximum la biodiversité et les échanges entre la vigne et son environnement. Les vignes sont effeuillées de telle sorte que la grappe bénéficie d’un temps d’ensoleillement identique en début et fin de journée, avec de l’ombre au plus chaud de la journée. En cours de croissance, les grappes sont comptées et calibrées, chaque pied aura son nombre de grappes. Aux vendanges, il y a jusqu’à trois tris (manuel, par vibration et optique).Et ce n’est qu’un résumé de tous les soins apportés par les équipes sous la houlette du directeur technique Fabrice Dubosc dans la recherche de qualité impulsée par Alain Brumont. Pour parfaire et extraire tous les arômes de ses vins, les affiner, la totalité passe en barrique pour environ 12 mois pour les cuvées traditionnelles. Les 100 % Tannat sont élevés en barrique neuves pendant 24 mois, 4 années pour la cuvée XL et 6 années pour la cuvée 2000 jours.
Alain Brumont se définit comme la locomotive de la région mais souhaite que tous les bons vignerons se regroupent pour mieux porter l’appellation. Avant qu’il s'intéresse au Madiran, de 1948 à 1980, l'appellation commercialisait un vin astringent, amer, réduit, avec beaucoup de défauts. On faisait un style que seuls les locaux pouvaient boire. Son travail, il ne le fait pas pour lui mais pour l’appellation, pour ses enfants, pour les générations suivantes, pour que Madiran rayonne internationalement et pas seulement grâce à lui. D’aucun pourrait penser qu’on ne fait pas ça que par altruisme, mais il faut retenir qu’il aime profondément son terroir et veut le faire connaître. Rendez-vous aux prochaines Journées Portes Ouvertes le 3e weekend de novembre et prenez-en la mesure!
Vignobles Brumont
32400 Maumusson Laguian
Tél. : +33 (0)5 62 69 74 67
Fax. : +33 (0)5 62 69 70 46
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