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Champagne Pierre Launay

06/12/2016
La renaissance du Sézannais

La famille Launay

C’est l’histoire de trois frères, Laurent, Lionel et Jérôme. C’est aussi l’histoire de Pierre, leur père fondateur. C’est encore l’histoire d’un terroir, le Sézannais, une côte crayeuse à l’extrême sud de la Marne. C’est enfin l’histoire d’une renaissance, celle de la culture de la vigne dans ce petit coin de Champagne, méconnu du public, mais où pas mal de grandes maisons viennent s’approvisionner, en toute discrétion.

Tout commence en 1967, quand Pierre décide de relancer un vignoble tombé à l’abandon. Le Sézannais était une grande terre à vigne jusqu’à ce que le phylloxéra réduise tout à néant. Les vignerons avaient pratiquement disparu et les agriculteurs s’étaient reconvertis à la polyculture du blé et des betteraves. Pierre veut préserver cet héritage viticole et investit dans quelques arpents où il plante du Chardonnay. Il achète un pressoir d’occasion. De deux mille kilos seulement. Son premier millésime sort en 1973. A l’époque, les droits de plantations sont délivrés généreusement. Chaque année, le domaine s’étend de quelques ares. Aujourd’hui il fait quatorze hectares et les vignes fleurissent sur l’ensemble de la région. Avec ses 260 hectares, le village de Barbonne-Fayel possède le plus important vignoble de toute la Côte du Sézannais.

A partir de 1992 les fils de Pierre, Lionel et Jérôme, ont rejoint leur père, bientôt imités par l’aîné Laurent. Ce dernier gère l’administratif et le financier. Jérôme s’occupe de la vigne et Lionel des options œnologiques. Il y a aussi Céline, l’épouse de Jérôme, qui reçoit les clients au domaine. Et enfin Madame Launay, la maman, qui a élevé ses trois gaillards, sans se douter qu’un jour, ce seraient eux qui s’occuperaient du domaine. Vignerons indépendants, les frères Launay gèrent toutes les étapes, de la vigne au verre.

Le terroir du Sézannais est un prolongement de la Côte des Blancs. La craie domine. Le Chardonnay y est chez lui. Par contre le Pinot Meunier, qui affectionne les sols plus gras, souffre. Seuls 2 % du domaine sont plantés en Pinot Meunier. Pour compléter leur approvisionnement, les frères Launay sont donc allés 120 kilomètres au sud-est pour cultiver des Pinots Noirs du côté de Loches-sur-Ource et de Buxeuil, en Côte des Bars.

Les trois frères travaillent en agriculture raisonnée et ont engagé leur conversion vers une viticulture durable. Il s’agit de produire le meilleur vin possible dans le respect du terroir et de l’environnement. Les cuves sont en acier émaillé, un matériau  préféré à l’inox froid et droit, parce qu’il apporte un supplément de matière au vin. Pour plus de rondeur, certains vins seront bientôt vieillis trois à six mois en fûts de chêne. Il s’agira de chênes de la Traconne, la grande forêt domaniale locale, pour pousser un peu plus loin l’expression du terroir.

Pierre s’étant bâti une clientèle fidèle, ses trois fils n’ont pas voulu la perdre. Plutôt que de changer la gamme, et simplement produire des Champagnes « à leur image », ils l’ont complétée. Désormais, les Champagne Pierre Launay se déclinent en « gamme argent », celle du père, accessible et très concurrentielle, et en « gamme or » celle des trois frères, plus exigeante et plus haut de gamme.

L’entrée en matière de cette gamme « premium » s’appelle Expression. C’est un assemblage de 70 % de Chardonnay et 30 % de Pinot Noir, qui contient 30 % de vins de réserve et a passé trois ans sur lattes. C’est un Champagne à l’effervescence délicate qui s’ouvre sur des arômes de fruits blancs. La bouche est charnue, et la finale longue et citronnée.

Le Grande Réserve 2006, assemblage à 50/50 Chardonnay et Pinot Noir, est le reflet d’une année exceptionnelle. Avec un nez plus évolué, une bulle d’une infinie finesse, des notes miellées, une texture caressante et onctueuse, c’est un vin qui allie délicatesse, élégance et fraîcheur.

Mais le Blanc de Blancs millésimé 2008 est peut-être la plus belle réussite des frère Launay. Issue de vignes plantées en 1962 et très faiblement dosé (2 gr), c’est une cuvée parcellaire non revendiquée. Tous les raisins proviennent du lieu-dit « Chatet », une butte de craie, sur la commune de Saudoy. Le temps a fait merveille sur ces raisins qui donnent au vin un nez d’agrumes confits, une bouche harmonieuse, ronde et équilibrée, et une finale tout en fraîcheur et minéralité.

L’héritage du père Launay est dans de bonnes mains.

Gérald Olivier

 

>> En chiffres :

• 14 hectares
• 3 terroirs : le calcaire, la craie et l’argile
• Encépagement : 46 % Chardonnay, 51,5 % Pinot Noir & 2,5 % Pinot Meunier
• 2 pressoirs : 4 000 & 8 000 kg
• Remuage 100 % automatisé

Marchés  :
- gamme ‘Argent’ : vente au domaine ;
- gamme ‘Or’ : CHR et export

 

www.champagne-launay.fr