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Château Lagrange

21/03/2019
Une terre de grands cabernets sauvignons

Matthieu Bordes, le directeur du Château Lagrange, prend un plaisir certain à se tenir devant les arpents de vignes, dont quelques pieds ont plus de 45 ans. Ce discret Saint-Julien Classé Grand Cru offre des abords bucoliques ; étangs, jars, moutons compris. No show off, on reprend à son compte la discrétion japonaise. Le groupe familial japonais de boissons Suntory est devenu propriétaire du domaine en 1983 et lui a redonné ses lettres de noblesse, patiemment et obstinément. Une restructuration chiffrée à 35 millions d’euros, qui en fit entre 1984 et 1986 le plus grand chantier du Médoc. Le vignoble de 118 hectares, moitié moins avant la reprise, s’étend sur deux croupes de graves günziennes mêlées de sable ou d’argile ferrugineuse. Replanté à une densité de 8 700 à 10 000 pieds hectare, l’ensemble de la propriété compte un million de pieds, dont 67 % de cabernet sauvignon, 27 % de merlot et 6 % de petit verdot. N’en jetez plus. Un grand terroir, un grand entrepreneur et la croyance chevillée au corps que 80 % de la qualité d’un vin se fait à la vigne, feront de ce château un des plus grands Saint-Julien.

Paolo Basso et Matthieu Bordes

Comme une évidence, Matthieu Bordes prône l’approche parcellaire et les recherches pédologiques auront déterminées plus de cent parcelles distinctes – pour autant de cuves ! Concernant les méthodes culturales, le château s’inscrit dans une démarche écoresponsable affirmée qui amena son directeur et le chef de culture à expérimenter la biodynamie sur plusieurs hectares. Le directeur rappelle que le réchauffement climatique « confirmé par les relevés de notre station météorologique effectués depuis 1996 » aura des conséquences immenses sur le vin et les types de vins recherchés. Il s’étonne de « ramasser » des cabernets sauvignons, réputés tardifs, désormais à 13 degrés, là où 40 ans plus tôt on ne dépassait pas les 10 degrés ! Les assemblages s’en font ressentir puisque pour la première fois le Château Lagrange 2017 intègrera 78 % de cabernets sauvignons... Ce qui n’empêchera pas le vin, selon l’avis même de Paolo Basso, Meilleur Sommelier du Monde, en visite au château, de rester extrêmement digeste, élégant et souple, confirmant également que le cabernet arrivé à maturité est bien le plus grand cépage de Bordeaux !

Henry Clemens

 

Ce qu’en pense Paolo Basso

Château Lagrange 2016, Saint-Julien
Nez intense avec notes fruitées de mûres, de cerises et de cassis. Le boisé est très délicat et en arrière-plan par rapport au fruité. Légères épices discrètes. Attaque linéaire et droite, acidité élevée qui apporte une grande fraîcheur, corps moyen + sans opulence et chaleur, élégant et raffiné. Tanins jeunes compacts et vigoureux. Finale longue toujours bien élancée et avec une pointe d’austérité. Un vin à l’encontre de la tendance eu égard au millésime chaud, avec son style linéaire, frais et tendu. On peut parler d’un certain classicisme et d’un style intemporel. Garde : 2023-2040.

Château Lagrange, 2018 (en Primeurs), Saint-Julien
Un joli fruité de belle expression, pivoine, cassis, mûres, poivre vert. Belle attaque ronde et sucreuse, reflet du millésime chaud. Crémeux et assez volumineux, un milieu de bouche riche et savoureux, une acidité discrète à cause du millésime, des tanins serrés et gourmands de belle maturité, une finale intense et persistante. Un très grand millésime qui sera prêt à boire tout de suite et qui séduira par sa richesse en alcool. Garde : 2023-2040.
 

 

www.chateau-lagrange.com