Icône confidentielle, voilà c’est ce qu’est devenu Croix de Labrie en 6 ans depuis son rachat en 2013 par Axelle et Pierre Courdurié. Convoitée par l’élite des amateurs, notée à l’égal des plus grands, la perle rare ne cesse d’accroître sa réputation. Et bonne nouvelle, les Courdurié s’attachent à multiplier les initiatives.
« Exceptionnel », c’est par cette exclamation que Paolo Basso, Meilleur Sommelier du Monde, de passage à la propriété, a commencé ses commentaires de dégustation sur le Château Croix de Labrie. S’il marque les esprits et provoque l’émotion, il faut dire que le joyau du domaine, sur le plateau de St Christophe des Bardes, est taillé comme un diamant. Les 5,79 hectares sur 3 terroirs différents sont travaillés en agriculture biologique, labourés à cheval, taillés à la Poussard, avec une vendange en vert, un effeuillage côté soleil levant pour une meilleure maturation et des radis chinois plantés entre les rangs pour travailler le sol naturellement et éviter trop d’azote. Cette année, ils testent un procédé alternatif, la génodique, permettant d'utiliser la musique pour lutter contre certaines maladies de la vigne, efficace notamment contre l’esca, la fameuse maladie du bois ou encore contre le mildiou. Le principe ? Les ondes musicales pourraient influer sur le taux de synthèse des protéines et faire baisser les maladies de 20 %.
Ce vignoble-jardin se limite à quelques 34 hectolitres par hectare pour un rendement autorisé de 50 hectolitres dans l’appellation. Ici, les maîtres-mots sont le soin, l’attention, la douceur. Au chai, les raisins sont sélectionnés avec le Tribaie et tout commence par des macérations à froid pré-fermentaires. Le pigeage, 2 à 3 fois par jour, est manuel. Les fermentations malolactiques se font en barrique avec 100 % de bois neuf pour Croix de Labrie. Pas de filtrage, ce qui n’empêche pas d'obtenir des cuvées brillantes et limpides. Et pour boucher les flacons du domaine, Axelle et Pierre Courdurié sont là aussi allés chercher une alternative nouvelle pour éviter toute mauvaise surprise : ArdeaSeal. Fini le liège, celui-ci est constitué de polymères qui préserve les échanges gazeux.
Résultat, Croix de Labrie affole les amateurs et tutoie les plus grands crus de Saint-Emilion. La production étant limitée (9 000 bouteilles) et le prix sur un positionnement haut de gamme (120 euros prix public), le couple a développé la gamme pour satisfaire au plus grand nombre, avec une approche à la bourguignonne, par terroir : la Chapelle de Labrie, issu des vignes des parcelles de Saint-Sulpice-de-Faleyrens composé de graves avec argilo-calcaire et Les Hauts de Croix de Labrie, plus sur les graves, toujours sur une dominante Merlot. Ces deux cuvées sont ciselées avec le même souffle, celui d’une quête d’infinie justesse. Sans compter le Croix de Labrie - Stella Solare, un Bordeaux blanc, et les deux derniers-nés qui portent le nom de leur fille Camille, qui a également dessiné l’étiquette : Camille de Labrie rouge en AOC Bordeaux et Camille de Labrie Chardonnay en vin de France. Une aubaine pour les amateurs. On y retrouve l’ADN de la maison. « Ce sont des vins construits pour une clientèle plus jeune, histoire d’ouvrir la porte à notre univers, plus abordables financièrement et plus faciles d’accès. Ils sont vendus chez les cavistes, les restaurants. C’est un travail sur la bouche, la minéralité, la tension, la rondeur. Ils représentent notre conception des vins, » précise Axelle.
Bénédicte Chapard