User login

Enrico Bernardo, nouveau Roi du Monde

12/04
Concours
Concours Grèce
Enrico Bernardo, nouveau Roi du MondeEnrico Bernardo
«Je suis dans le meilleur
hôtel du monde et je suis maintenant le meilleur sommelier du monde.
Je crois qu’on est très bien mariés ensemble!»



Enrico Bernardo



Le Concours avait lieu en Grèce et réunissait les candidats sommeliers venus de 43 pays

Enrico Bernardo

Il a 27 ans, cultive un savoir qui semble sans limite, déborde d’énergie et de simplicité et vient d’inscrire à Athènes son nom au palmarès du concours du meilleur sommelier du monde. Enrico Bernardo succède ainsi au Français Olivier Poussier, sacré à Montréal en 2000, et offre à l’Italie son troisième titre après ceux de Piero Sattanino (Italie) vainqueur en 1971 à Milan et de Giuseppe Vaccarini (Italie) vainqueur en 1978 à Lisbonne.
Un bonheur que ce cuisinier de formation a partagé avec une forte délégation de supporters venue du ‘Cinq’ le restaurant trois étoiles de l’hôtel ‘Four seasons – Georges V’, à Paris, où il travaille depuis 2000.
C’est là, aux côtés d’Eric Beaumard, vice-meilleur sommelier du monde en 1998, qu’il a préparé dans les meilleures conditions possibles cette épreuve qui réunissait sans doute le plateau le plus relevé depuis sa création.
Quatre meilleurs sommeliers d’Europe, le meilleur sommelier des Amériques mais aussi le second du concours mondial 2000… pouvait-on rêver à plus belle affiche ? Sans compter les possibles surprises.

Questionnaire musclé et piège au service

Les 43 concurrents réunis avec les délégations sur l’île de Santorin n’ont pas toujours profité du programme touristique et des présentations de vins locaux afin de conserver la meilleure concentration possible. Et il valait mieux être bien préparé pour affronter un questionnaire musclé qui les a conduits de l’Asie grâce au saké, aux Caraïbes pour les cigares cubains et leurs modules ; de la Suède pour l’aquavit, à la France avec les différentes appellations de vins effervescents à Limoux.
Une première sélection s’est alors vite établie, confirmée ensuite par les épreuves pratiques. Une dégustation de deux vins à commenter par écrit puis leur association à justifier avec un plat.
Puis, à Athènes, une deuxième volée d’épreuves a permis d’établir un classement précis. Ce jour-là, au terme d’interminables heures d’attente pour ceux que le hasard avait condamné à passer en fin de peloton, il fallait à nouveau déguster et commenter la découverte d’un vin rouge avant de s’essayer au décantage d’un vin blanc et à son service.
Un véritable piège dans lequel se sont englués ceux qui avaient oublié qu’avant d’être candidats d’un concours on attendait d’eux qu’ils réagissent en sommeliers. Le vin à servir avait été volontairement ‘pollué’ par un goût de bouchon mais trop peu ont osé le signaler par crainte de ne pouvoir effectuer l’ensemble de l’exercice dans le temps imparti, huit minutes. «C’est là, sans doute, que j’ai perdu une place en finale» reconnaissait avec lucidité Franck Thomas, le candidat français…

Quatre finalistes et un super champion

Car, effectivement, pour la première fois depuis la création de ce concours il n’y eut pas de français présent dans la dernière épreuve à quatre. Un marathon au cours duquel il fallait enchaîner, devant 500 spectateurs, la correction d’une carte des vins erronée, la dégustation et le commentaire de trois vins, l’identification de deux spiritueux, proposer le meilleur accord mets et vins possible pour un dîner à l’accent grec, décanter et servir un magnum de vin rouge, et enfin répondre à deux nouvelles questions sur les cigares. Le tout en trente minutes !
L’Allemand Jürgen Fendt, (chef sommelier de l’hôtel Bareiss à Baiersbronn-Mitteltal) puis les deux Français de l’étranger, Hervé Pennequin (consultant à New York) pour les Etats-Unis et Gérard Basset (partenaire des six ‘Hotel du vin’) pour la Grande Bretagne ont mis beaucoup d’énergie, de savoir et d’originalité dans leur prestation. Mais, une fois transformés en spectateurs après le passage sur la scène de la vaste salle de concert d’Athènes, ils n’ont pu que constater l’immense talent du dernier d’entre eux, l’Italien Enrico Bernardo.
Un super champion de 27 ans, qui offre au restaurant le ‘Cinq’, à Paris, un nouvel atout. «C’est une institution avec une grande exigence de qualité et d’excellence qui m’a encouragé et permis de bien me préparer. Je ne voulais pas les décevoir. Mais ce titre, je le voulais aussi pour les vignerons qui, depuis deux ans, m’accueillent, me font découvrir leurs vins et m’hébergent.», avouait-il à la fin du concours.

Une finale qui ne l’avait pas trop perturbé, finalement. Comme si dans ces conditions de spectacles il était dans son élément. «Quand il veut, soulignait Eric Beaumard, il met le feu à la salle chez nous...»
Ce qui l’avait, au bout du compte, le plus dérangé était bien cette fameuse épreuve de service piégé. «Un moment très troublant. On avait un vin bouchonné avec un bouchon en silicone. On devait le décanter et le servir. Mais c’est un cas de figure qui n’arrive jamais.»
Enrico Bernardo, sur un nuage ce soir-là, restait assez lucide pour livrer une conclusion chargée d’humour  : «Je suis dans le meilleur hôtel du monde et je suis maintenant le meilleur sommelier du monde. Je crois qu’on est très bien mariés ensemble!»
Dans l’ordre, Gérard Basset, Hervé Pennequin et Jürgen Fendt complétaient un beau et en partie surprenant palmarès.

Jean Bernard