« J’aimerais juste que l’on écrive le mot Isère sur la carte du vignoble français
et que l’on dise qu’on fait du vin ! », dit Wilfrid Debroize, vigneron du domaine des Rutissons
avec Laurent Fondimare, et président depuis 2016 du syndicat des vins de l’Isère.
Nous parlons d’un vignoble situé dans les Alpes, environné de montagnes - Chartreuse, Vercors, Belledonne, Dévoluy – et offrant de magnifiques paysages. Il comptait autrefois 33 000 ha et s’était appauvri à cause notamment des guerres, du phylloxéra, de l’industrialisation. La solution de replantation avec des hybrides avait fini de faire la mauvaise réputation des vins. Mais c’est de l’histoire ancienne ! À partir de 2007, grâce à Nicolas Gonin et Thomas Finot, vignerons passionnés d’ampélographie, l’histoire des vins de l’Isère commence à se réécrire. « On peut leur dire merci d’avoir été les pionniers et d’avoir permis à l’IGP Isère de pouvoir exister au travers des cépages patrimoniaux », dit Wilfrid.
Verdesse, étraire de la d’huy, douce noire, persan, joubertin, onchette… rentrent dans l’encépagement de l’IGP Isère depuis 2011. Il s’agit bien là d’une IGP de territoire et non de rebut ! Ces cépages identitaires ne sont pas un effet de mode ou simplement une solution face au réchauffement climatique, c’est un réel désir de se démarquer, de se rapprocher de ses racines, de créer du lien avec sa propre terre. Wilfrid s’est battu pour créer une charte basée sur l’identité, l’entraide entre vignerons, l’accompagnement des nouveaux arrivants. Le département et la chambre d’agriculture l’ont suivi.
Aujourd’hui, le vignoble compte 260 ha, dont 65 ha en IGP, 25 domaines et une trentaine de vignerons, dont 50 % installés ces dernières années. Le 3e salon des vins de l’Isère organisé à Montbonnot dans la Vallée du Grésivaudan, confirme une fois de plus la qualité des vins et le dynamisme des vignerons, dont certains acteurs phares : Thomas Finot, W. Debroize & L. Fondimare, Stéphanie Loup, Jérémy Bricka, Samuel Delus, Antoine Mayoussier, sont souvent médaillés au concours des vins de l’Isère. De nouveaux talents font également leur apparition : Pierre Pelfrène et ses magnifiques verdesse ou Pascale Barbe du domaine Les P’tits Ballons qui propose des vins étonnants. Que ce soit dans le Trièves, jusqu’à 900 m d’altitude, dans la Vallée du Grésivaudan, ou dans les Balmes Dauphinoises, les cépages isérois s’épanouissent à merveille. Ce terroir crée des vins authentiques, expressifs, concentrés, complexes, joyeux, toujours digestes, avec une belle fraîcheur en finale. Le plaisir à la dégustation est grand. Ils trônent sur une vingtaine de tables étoilées et s’exportent notamment aux USA, au Japon et en Italie. Donc oui, le vignoble de l’Isère existe bel et bien. Le syndicat a d’ailleurs créé sa propre carte ! Amateurs de bon goût et de rareté, venez goûter aux vins de l’Isère qui grimpent…
Florence Corbalan