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Interview d'Hubert de Boüard

08/10
Interview

Interview Primeurs 2009

Interview d'Hubert de Boüard

Président du Groupement des Premiers Grands Crus classés de Saint-Emilion

La passation de pouvoir entre Eric D’Aramon – Château Figeac - et Hubert de Boüard – Château Angélus – a eu lieu en juin 2009 lors du salon Vinexpo, pendant le dîner intitulé «Millésimes de Collection» du Groupement des Premiers* Grands Crus Classés de Saint-Emilion. SommelierS International a voulu connaître son avis et ses objectifs quant au devenir du Groupement dans le contexte 2010.

*15 Premiers depuis 2006

«Au travers de mes voyages depuis le début de l’année, j’ai pu constater un fort intérêt du monde entier pour le millésime 2009. Les propriétaires savent que la qualité est au rendez-vous, le «buzz» a fait la communication. 2009 se révèle être un grand millésime, voire d’anthologie, avec des conditions météorologiques exceptionnelles depuis ces 25 dernières années. C’est un très bon millésime bordelais du nord au sud, d’est en ouest. Les stratégies personnelles et économiques ont souvent abouti à des choses remarquables parce qu’on avait les moyens.
Être Président des Premiers, dans une appellation restreinte en termes d’hectares et aux structures très familiales, est aussi un atout. J’ai pris cette responsabilité pour passer le relais, dans les années proches, à de «jeunes Premiers» avec une vision internationale et plus agressive au niveau économique. J’aimerais faire comprendre que nos Premiers sont un joyau ancré dans un lieu magique, une cité millénaire, l’Histoire des grands vins. Je pense qu’il faut aller encore plus loin et dépasser les frontières de l’Europe. Sur Vinexpo Hong Kong, où régnait une certaine euphorie, la Jurade de Saint-Emilion, en partenariat avec la Commanderie de Bordeaux à Hong Kong, a organisé la soirée d’ouverture de Vinexpo Asia Pacific, le lundi 24 mai. Le dîner a proposé des alliances mets-vins avec les services de Saint-Emilion Grands Crus Classés et Saint-Emilion Premiers Grands Crus Classés. Nous sommes attendus sur les divers marchés, à nous de satisfaire les demandes de découverte de nos crus…

La confusion due au problème du classement a été dommageable à l’ensemble de l’appellation. Ce classement est honnête et tourné vers les consommateurs comme un gage de qualité. Nous voulons arriver à une période de sérénité et redonner confiance à nos marchés. Nous travaillons pour le prochain classement sur des systèmes de visites, de dégustations et d’étude des dossiers faisant appel à des organismes indépendants tout en restant sous l’égide de l’INAO, pour une plus grande transparence encore et un gage d’impartialité.
Economiquement parlant, le monde entier a changé tant au niveau spéculatif, qu’au niveau de la consommation pure. Après le grand 2005, et tous ses facteurs positifs, les millésimes suivants et la crise ont changé la donne. Nous avons toujours la chance d’avoir la magie des Premiers… il faut, malgré nos volumes plus restreints, avoir des marques fortes à l’international. Nous devons préserver notre optimisme et travailler sur des marchés à fort potentiel comme l’Asie... la Chine, Hong Kong, la Corée, Singapour, pour apporter notre image de qualité et de rêve. Pour l’instant la Chine n’est pas encore un marché mature, mais dans 5 à 10 ans, elle pourrait être le 1er pays à consommer les grands crus classés, un potentiel fantastique !»

Florence VARAINE