Monde Azerbaïdjan
Appelé «Terre de feu» par les anciens Zoroastriens, l’Azerbaïdjan est le plus grand des 3 États du Sud Caucase, au bord de la mer Caspienne. D’une superficie comparable à celle du Portugal, situé entre l’Asie et l’Europe, il constitue un trait d’union entre les 2 continents.
Carrefour entre l’Orient et l’Occident sur la Route de la Soie, différentes races et religions y coexistent depuis les temps anciens dans une tolérance exemplaire, générant un vaste patrimoine culturel, artistique, historique et économique. Tombé sous le charme lors du voyage qu’il y avait effectué en 1858/59, Alexandre Dumas en a largement vanté les richesses naturelles et culinaires dans son livre «Le Caucase».
Après une histoire très riche, paléolithique, antique et moyenâgeuse, ce pays connait depuis son indépendance en 1991, une véritable révolution économique, agricole, industrielle et sociologique; selon une belle formule «Or noir et Matière grise».
Il est un des premiers producteurs mondiaux de pétrole et gaz par la mer Caspienne - en réalité le plus grand lac du monde - qui lui a permis de rentrer confortablement dans l’ère moderne avec une croissance bien maîtrisée, sans souffrir de la dernière crise financière mondiale.
Bakou la nuit
Bakou (ville du vent), la capitale, située au bord de la Caspienne sur la presqu’île d’Apchéron, avec une architecture très métissée du style Haussmannien à l’influence arabo-orientale, associée à un urbanisme futuriste européen «à la Dubaï», et avec un charme certain pour sa vieille ville fortifiée, va devenir le plus grand pôle affairiste et financier de toute cette zone Caucase/Asie Centrale, carrefour entre l’Europe et l’Asie.
Le secteur pétrole/gaz ne se situant que sur les bords de la Caspienne, tout le reste du pays est à vocation agricole et artisanale. C’est une véritable mosaïque de multiples microclimats avec des sols à fertilité variée et différentes altitudes. C’est ainsi que la vigne s’est implantée dans la partie centrale et nord sur l’axe Bakou/Ganja-Gazakh et Ismayilli-Zagatala.
Cette zone bien protégée des vents du Nord par le Caucase, véritable frontière naturelle, sous influence méditerranéenne par le corridor Caspienne/Mer Noire, convient parfaitement aux vignobles.
Les meilleures zones de production de l’Azerbaïdjan sont : Ganja, Goy-Goyl, Shamkir, Tovuz, Agstafa, Gazakh, Sheki, Ismayilli, Zagatala, Shamkhi, Agdam, Haut Karabakh. Les notables des anciens peuples Azerbaïdjanais étaient d’ailleurs tous impliqués dans la culture de la vigne, comme le prouvent de nombreuses fouilles archéologiques. Les experts pensent que la viticulture en Azerbaïdjan date au moins de 7.000 ans. La vigne poussait déjà sur tous les territoires, des contreforts du Caucase jusqu’aux sables d’Apchéron.
Avec un retour sur l’histoire plus contemporaine, durant l’époque soviétique, l’Azerbaïdjan était une des principales républiques de l’URSS à élaborer des vins. A cette époque il y avait 300.000 ha de cépages autochtones produisant des vins riches en alcool, sucrés et sans grande typicité qualitative. En 1985, avec la politique anti-alcoolique de Gorbatchev, tous les vignobles ont été arrachés et les caves détruites. Mais après l’indépedance, le gouvernement a mis en place une vaste campagne de réimplantation de la vigne, en partie pour reprendre une grande vocation agricole, mais aussi pour assurer au pays un développement économique en complément du pétrole et du gaz. C’est ainsi qu’avec 9.500 ha replantés en 2005, 18.000 ha à ce jour, et un plan de 10.000 ha jusqu’en 2013, l’Azerbaïdjan va retrouver ses racines et son authenticité vitivinicole.
L’Azerbaïdjan était très riche en cépages indigènes avec plus de 200 variétés de raisins de cuve et raisins de table blanc: Ganja, Bayanshira, Agh Shany, Agh Kismishi, et raisins rouges: Madrasa, Shirvanshahi, Khindogny, Gara Shany, Shamakhy, Merendisi, Hamashara, Gara Kismishi.
Seuls les meilleurs ont été conservés:
Saperavi, Madrasa, Rkatsiteli, Baian Shirei, et associés à des cépages importés: Chardonnay, Sauvignon, Cabernet Sauvignon, Merlot, Syrah (ici appelé Shiraz). Par ailleurs, avec une politique de densité de plantation et de rendement à l’occidentale(6/8 t/ha, au lieu des 10/15 t/ha et plus de l’époque soviétique), on découvre maintenant des vins azéris d’une grande qualité avec une belle expression sensorielle en mono ou bi-cépages, associant parfois cépage azéri et cépage français.
Vue de la capitale de l'Azerbaïdjan, Bakou et sa fontaine
C’est une très grande reconversion, dans l’esprit d’une viticulture moderne qui conduit maintenant l’Azerbaïdjan dans le cercle des nouveaux pays producteurs du Vieux Monde.
Cette grande volonté de reconnaissance européenne s’est confirmée cette année par la victoire de l’Azerbaïdjan au Grand prix de l’Eurovision 2011.
Claude SAMSON