Je m'identifie

Raimonds Tomsons, Meilleur Sommelier du Monde 2023

02/06/2023

Raimonds Tomsons

Il en rêvait depuis 2019 où il avait fini 3e lors du concours à Anvers, Raimonds Tomsons l’a fait et est devenu, le 12 février à Paris, le 17e Meilleur Sommelier du Monde.
 

Si la France, pays organisateur du concours, été venue en nombre soutenir sa candidate Pascaline Lepeltier, c’est sur la 4e marche que la sommelière s’est inclinée face aux 3 finalistes : Raimonds Tomsons, Meilleur Sommelier d’Europe 2017, Lettonie, Nina Jensen, Danemark, tous deux déjà finalistes au mondial 2019, et Reeze Choi, Chine.


Des candidats à toute épreuve

Le comité technique ASI du concours avait une nouvelle fois vu les choses en grand afin d'évaluer les lauréats, tant sur leurs aptitudes et connaissances que sur leur self-contrôle face à la pression. Première épreuve : le candidat doit gérer seul les tables de son restaurant, avec l'aide d'une bartender. La première table commande deux verres de vin pétillant, une margarita et un Old Fashioned. Au vu du temps imparti, le piège était ici de demander, lors de la commande, comment les clients préféraient leur apéritif : avec du sel, des glaçons, rye whisky ou bourbon pour le Old Fasioned ?

Les candidats ont ensuite été évalués sur le service et le décantage d'un magnum Château d'Issan 2016 Margaux, sur le service d'un champagne Dom Pérignon 2013, puis sur l'identification de quatre vins blancs et du terroir de deux d'entre eux.

Invitée de marque, la cheffe Anne-Sophie Pic a proposé aux candidats un menu auquel il fallait accorder les vins blancs précédemment dégustés. Une épreuve où chacun témoigne de sa capacité à marier les saveurs.

À finale exceptionnelle, breuvages exceptionnels, avec la dégustation organoleptique de deux vins que les participants n'ont découverts qu'au moment du résultat : Petrus 2012 et 2013 !

Pour terminer, les aspirants au titre étaient attendus sur la redoutable épreuve de la liste de vins erronée. Puis, pour récupérer des points supplémentaires, les trois candidats se sont réunis pour assister à la projection de photos auxquelles ils devaient attribuer le nom du vin.

 Nina Jensen, Raimonds Tomsons et Reeze Choi.

La Lettonie couronnée

Après délibération, le jury a attribué la médaille de bronze à Reeze Choi, l’argent à Nina Jensen et a fait de Raimonds Tomsons son nouveau champion. Une belle récompense pour ce passionné qui n’a eu de cesse de travailler pour gagner en assurance et atteindre la 1ère marche du podium.

Dans un esprit de partage et de camaraderie, Marc Almert, Meilleur Sommelier du Monde 2019, a offert à son successeur l’Ouvre-Vin Empreinte par l’artiste Michel Audiard, sculpté sur sa main. Une jolie manière de passer le flambeau !

Sandy Bénard-Ravoisier / Photos Jérémy Martin




 

                                                              Interview de

                              Raimonds Tomsons
                 Meilleur Sommelier du Monde 2023

Lors de la finale, vous sembliez beaucoup plus à l'aise qu'en 2019, comment expliquez-vous cela ? L'expérience ?
Oui, en effet, j'étais plus détendu et confiant qu'en 2019 car la pression n'était pas aussi élevée. Cette fois, j'ai également consulté un kinésithérapeute qui m'a aidé à me préparer mentalement, à me débarrasser du stress et à gagner en confiance. Elle m'a également aidé à surmonter la peur et les doutes que j'avais de la finale de 2019. Je recommande fortement à chaque concurrent de ne pas ignorer cette partie importante, en plus de tous les aspects théoriques et pratiques de la préparation aux compétitions.


Comment avez-vous préparé la compétition ? Aviez-vous des sponsors pour obtenir les cuvées nécessaires à votre entraînement ?
Mon plan de préparation était plus ou moins similaire à ma précédente compétition mondiale. Au moins un an à l'avance pour toutes les préparations - théorie, dégustation et pratique. Pour la théorie, j'étudiais quotidiennement, généralement de 5 h 30 / 6 h à 9 h, car c'était le moment où je pouvais étudier sans être interrompu par les enfants ou le travail. Le week-end, j'étudiais encore plus. L'entraînement à la dégustation doit se faire de manière cohérente afin d'être efficace en termes de timing et de vocabulaire. Plus la compétition approchait, plus je dégustais chaque jour afin de peaufiner le timing et l'efficacité. Les entraînements pratiques ont été organisés par mes collègues et amis, qui m'ont également aidé lors des compétitions précédentes. Je n'avais pas de sponsors spécifiques à part le soutien de l'association des sommeliers lettons et de mes amis et des lieux et restaurants où je me suis entraîné.

Parlez-nous un peu de votre parcours.
J'ai commencé en 1999 en tant que stagiaire dans un restaurant très célèbre à Riga - Vincent's. Là, je suis tombé amoureux de l'hospitalité, de la cuisine raffinée et du vin. Le chef de ce restaurant (Mārtiņš Rītiņš) était un perfectionniste très ambitieux et il m'a appris l'éthique de l'hospitalité et qu'il faut toujours avoir un objectif dans sa vie et atteindre cet objectif. Avec lui, j'ai pu visiter certains des meilleurs restaurants d'Europe, où j'ai gagné en motivation et en inspiration. J'ai travaillé au Vincent's pendant près de 21 ans, et au cours des 3 dernières années j'ai dirigé le restaurant. En 2006, j'ai participé à mon tout premier concours de sommellerie et j'ai réalisé que j'aimais vraiment la compétition et que c'était aussi un excellent moyen d'étudier et de se fixer de nouveaux objectifs. En 2015, j'ai terminé le certificat de diplôme WSET à la Austrian Wine Academy à Rust, ce qui m'a donné une connaissance théorique décente et une base pour mes futures études. En 2021, j'ai rejoint l'équipe du restaurant Barents et maintenant, nous développons Barents Wine Collectors - importateurs et distributeurs de vins fins, avec un portefeuille de vins ambitieux.


Raimonds Tomsons et Aris Allouche.

Maintenant que vous êtes MSM, comment envisagez-vous l'avenir ? Avez-vous des projets qui vous tiennent à coeur ?
Je pense que ce titre vous donne beaucoup de possibilités, de nombreuses portes s'ouvrent pour vous et vous devez choisir judicieusement les portes qu'il faut ouvrir et celles que l'on doit refuser gentiment. Ce titre vous donne un certain statut et vous devez le porter avec respect. Je vais essayer d'être un bon exemple et de motiver d'autres sommeliers ambitieux. J'espère également pouvoir faire partie de la famille et de l'équipe ASI et redonner à toute la communauté des sommeliers. Je pense vraiment que c'est très important. Je prévois toujours de rester en Lettonie et de développer davantage notre nouveau projet - Barents Wine Collectors. Avec ce projet, nous développerons toute une communauté autour de la culture du vin letton.

Bonus : votre accord mets et vins préféré ?
Il y en a trop mais, pour moi, il est difficile de battre un bon verre de Manzanilla avec des anchois salés ou toute autre sorte de tapas andalouses salées.

Propos recueillis par Sandy Bénard-Ravoisier / Photo ASI