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Le Mas des Armes fête ses 10 ans

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Portrait de vignerons

Portrait de vignerons Aniane

Le Mas des Armes fête ses 10 ans

La belle partition des frères Puccini

Marc et Régis Puccini sont des hommes
de la terre. Pourtant, ce n’est qu’il y a dix ans qu’ils ont découvert vraiment la viticulture. Avec une volonté de réussir et un succès salué notamment par Philippe Faure-Brac. Rencontre au cœur d’un terroir languedocien d’exception, à Aniane.

Marc et Régis Puccini Avoir pour voisins Aimé Guibert, créateur du célèbre Mas de Daumas Gassac, et Laurent Vaillé, du Domaine de la Grange des Pères, inévitablement, cela crée certaines obligations. En particulier celle de viser la perfection si l’on se lance aussi dans la viticulture…

Marc et Régis Puccini, deux frères qui tutoient la cinquantaine, en avaient bien conscience, il y a dix ans, au moment d’acquérir un domaine dont les raisins, jusque-là, prenaient la direction de la cave coopérative d’Aniane.

Aniane, un terroir magique du département de l’Hérault, au Nord de Montpellier, à une heure de route de leur base. C’est en effet près de Lunel, sur 350 ha de terres agricoles, qu’ils vivent déjà au rythme des saisons. Une activité maraîchère qui tourne autour de trois produits: les asperges, les melons et enfin les salades. Les petits-fils d’Emilia et Italo, arrivés d’Italie en 1927 pour travailler comme salariés agricoles, ont su retrousser leurs manches pour faire fructifier l’héritage de leur père, devenir chefs d’entreprise et employer une quarantaine de personnes à l’année.



Un terroir de caractère et de l’ambition

Toutefois, au-delà de cette réussite, ils ressentaient le besoin de s’exprimer autrement. De vivre une passion. «Au milieu des années 90, c’était un peu comme une boutade entre nous: pourquoi ne pas acheter un domaine viticole? Puis, l’idée a fait son chemin. C’est alors qu’on s’est fixé des règles. Il fallait trouver un terroir porteur au cœur d’une région où l’on se sente bien. Ensuite, puisque nous avions la volonté de faire bien, on avait besoin de moyens suffisants car il faut être plus patient pour produire du vin que des salades...»
En 2001, ils découvrent cette propriété de 42 ha, dont 27 de vignes. «On était en plein dans l’épisode Mondavi, avec sa volonté d’acheter ici. Nous n’avons pas laissé passer cette opportunité et aussitôt arraché 15 ha pour en replanter 9. Et on a commencé à remettre en ordre les 12 ha restants. Comme ce n’était pas notre métier, et même si nous n’avons jamais eu de regrets, on est passé par de telles étapes qu’on a souvent reconnu avoir été inconscients. Mais au moins, en donnant beaucoup de notre temps, on a vite démontré que le Mas des Armes, du nom d’une parcelle, n’était pas une danseuse!»

Les moyens de bien grandir

Dans la foulée de l’achat, en 2003, la première récolte est gérée de façon très artisanale. «Malgré ces conditions de travail un peu archaïques, nous avons produit 30.000 bouteilles avec la volonté de présenter un grand vin dans chacune des quatre cuvées produites en Vin de Pays de l’Hérault.» Mis en vente en 2005, ce premier millésime a marqué les esprits. Les suivants n’ont depuis cessé de confirmer l’ambition qualitative des deux frères. Aux deux vins rouges et aux deux blancs, ils ajoutent ensuite très vite un rosé puis le 360 du Mas des Armes, issu d’une sélection de Cabernet et de Syrah. La référence.
Pendant que leurs vins trouvent leur clientèle, essentiellement en France, Marc et Régis Puccini poursuivent leurs investissements en construisant un ensemble de deux bâtiments. Il leur faudra quatre ans pour boucler cette opération et se doter d’un cuvier, de salles de réception, d’un garage, d’un atelier, d’un espace de stockage et même d’appartements pour accueillir les hôtes du domaine.
Aujourd’hui, la production a presque triplé et le travail demeure toujours aussi précis. «Nous vendangeons parcelle par parcelle et chacune est vinifiée dans une cuve spécifique. Et com­me nous avons 30 parcelles qui vont de 20 ares à 2 ha, cela veut dire autant de cuves…»

Le souvenir de Paul Léaunard

Une approche qui a suscité la curiosité de Paul Léaunard, le regretté président de l’Association des Sommeliers Alpes-Marseille-Provence, conquis dès qu’il a pu déguster les vins. «Au début du printemps 2005, il a été le premier professionnel à découvrir les cuvées que l’on s’apprêtait à mettre sur le marché. Enthousiasmé par “L’Âme des Pierres” et “Perspectives”, il a proposé de nous aider en nous incitant à nous faire connaître. Nous n’oublierons jamais le salon de Théoule-sur-Mer: il s’est installé sur notre stand et tous les sommeliers sont venus découvrir nos vins…»
L’amitié qui a uni les trois hommes a toujours un sens aujourd’hui. «On voudrait atteindre 100.000 bouteilles grâce aux nouvelles vignes qui entrent en production, on souhaite également travailler sur l’image de nos vins, mais pour rien au monde on ne changera l’esprit et la méthode de travail qui ont séduit ce sommelier auquel on doit tant…»
Mi-octobre, la récolte 2013 enfin rentrée au terme d’un début d’automne idéal, les deux frères ont pu laisser le temps et la nature faire leur œuvre. En janvier, viendra ensuite le temps des assemblages. «Le sillon est désormais tracé pour que l’on s’éloigne du maraîchage et puisse ainsi consacrer plus de temps à la vigne», concluent Marc et Régis.



Philippe Faure-Brac: «Une vraie personnalité dans ces vins»

Meilleur Sommelier du Monde en 1992 et restaurateur parisien sur le boulevard Haussmann, Philippe Faure-Brac ne manque jamais une occasion d’arpenter le vignoble. Pourtant, ce n’est pas lui qui a découvert les vins du Mas des Armes. C’est un cadeau de son ami Paul Léaunard, une bouteille de vin blanc, qui a aiguisé sa curiosité: «Quand j’ai pu déguster toute la gamme, j’ai compris qu’il y avait une vraie personnalité dans ces vins. Après ma première rencontre avec Régis Puccini, j’ai compris l’esprit qui animait ces deux vignerons et j’ai eu envie de connaître leur domaine. J’ai donc goûté le début de l’aventure et en dix ans, la qualité n’a cessé de progresser et la finesse aussi.»

Au Bistrot du Sommelier, les clients se laissent guider la première fois et succombent ensuite. «Les gens aiment la densité de ces vins, leur structure mais aussi leur trame fine et élégante.»
Philippe Faure-Brac s’est laissé convaincre une fois de participer au travail d’assemblage. «C’est une très belle expérience que de pouvoir faire le tour des parcelles en cuves et d’imaginer ce que pourront être les cuvées 360 (40 % Syrah et 60% Cabernet) ou Perspectives (40 % Syrah, 20 % Grenache, 20 % Cabernet et 20 % Merlot). Des vins de gastronomie voulus comme tels par deux hommes qui écoutent, sont attentifs et savent s’entourer. Deux frères qui savent ensuite traduire de façon intelligente tout ce que les autres peuvent leur apporter. Leur force, c’est d’être enthousiastes et motivés par cet univers qu’ils ont découvert tardivement, mais aussi de ne pas partir dans tous les sens en se disant ça passe ou ça casse! La réflexion est une de leurs forces.»
Jean Bernard




Domaine du Mas des Armes

Route de Capion
34150 Aniane - France
Tél. : +33 (0) 4 67 29 62 30 www.lemasdesarmes.com