Elle a offert au lycée hôtelier de Chamalières un deuxième succès consécutif dans ce concours qui réunissait 34 étudiants issus de mention complémentaire et de brevet professionnel. Son aisance et ses connaissances lui ont permis de dominer la finale.
Douze ans après avoir disputé la finale du concours du Meilleur élève sommelier en vins de France – Grand-Prix Chapoutier – Métro, Jean-Baptiste Klein (chef sommelier de La Table d’Olivier Nasti à Kaysersberg) a donc retrouvé Tain-l’Hermitage, le décor de sa première compétition professionnelle. Et depuis 2007, beaucoup de choses ont changé. L’Alsacien est devenu Meilleur Jeune Sommelier de France en 2011 puis a rejoint la famille des Meilleurs Ouvriers de France en 2018. « Le niveau du concours s’est élevé et je préférais cette année être membre du jury plutôt que candidat. » Autre tendance forte qui se confirme au fil des éditions, c’est la féminisation de l’épreuve. Lors de sa participation, il y a douze ans, les jeunes gens étaient largement majoritaires en finale. Pauline Rigaud se sentait même un peu seule...
Changement total de décor pour cette 27e édition puisqu’à l’annonce des noms des qualifiés pour la dernière série d’épreuves, on découvrait une parité parfaite. Mégane Lacoume (Institut Consulaire de Formation en alternance de Bordeaux), Chloé Laroche (lycée hôtelier de Chamalières) et Juliette Robin (CFA Joseph-Storck à Guebwiller) étaient alors opposées à Manuel Hustache (lycée professionnel de Tain-l’Hermitage), Nicolas Poves (Institut de Chimie Œnologie de Paris-Provence à Villejuif) et Eilif Rozok (Lycée Hôtelier du Parc de la Francophonie à la Rochelle). A noter que la présence de ce dernier en finale constituait déjà une performance. Norvégien, il a rejoint la France il y a six ans afin d’étoffer sa formation et ne parlait quasiment pas le français à ce moment-là...
Mais avant de penser à la finale, tous ont dû mettre leurs connaissances pratiques et théoriques à contribution au cours de la sélection qui réunissait 34 candidats. Sans surprise, ils ont d’abord étudié et commenté un vin blanc puis un vin rouge avant de se pencher sur un solide questionnaire. Celui-ci est construit par le comité technique dirigé par Alain Landolt à partir des dizaines de questions transmises par les sommeliers-formateurs eux-mêmes.
Dès le décompte des points qui a donc permis de retenir les six meilleurs pour la finale, Chloé Laroche avait creusé un écart conséquent sur ses suivants. Un écart qu’elle a creusé un peu plus ensuite. Au tirage au sort de l’ordre de passage, l’élève de Thomas Vivant avait hérité du numéro un. Et à l’issue de sa prestation, sa maîtrise, son aisance et ses connaissances avaient marqué les esprits tant chez le jury que chez les spectateurs où l’on retrouvait les candidats éliminés la veille et leur enseignants. Sans surprise, l’étudiante de Chamalières déjà remarquée pour sa présence en demi-finale du concours du Meilleur Jeune Sommelier de France – Trophée Duval-Leroy a donc écrit une très belle ligne sur son CV. « Très tôt j’ai ressenti un vrai potentiel chez elle », pouvait conclure son enseignant qui a ainsi pu ramener en Auvergne un deuxième succès consécutif. En 2018, c’est en effet une de ses élèves, Manon Durand, qui avait remporté le trophée.
Cette année le podium était complété par Eilif Rozok et Juliette Robin. Les trois autres se partagent la quatrième place. Comme c’est de tradition, les six finalistes prendront la direction de l’Australie en janvier 2020. Et cette fois ils seront accompagnés par deux enseignants. Véronique Martin (La Rochelle) et Frédéric Simon (Guebwiller), l’ancien professeur de Jean-Baptiste Klein, découvriront ainsi l’hémisphère sud et sa viticulture.
Jean Bernard
Comment vous est venue la passion du vin ?
Tout a commencé dans un restaurant de M. Paul Bocuse où je déjeunais avec mes parents. En voyant les personnes évoluer autour de moi, j’ai eu une révélation et je me suis dit : c’est ce que je ferai plus tard. L’intérêt pour le vin est venu quand j’ai commencé mes études dans l’hôtellerie après un bac général. J’ai d’abord suivi une mise à niveau avant d’obtenir un BTS option art culinaire et art de la table et petit à petit j’ai compris que le métier de sommelier a énormément d’importance dans un restaurant et j’ai voulu tenter l’expérience en m’inscrivant en mention complémentaire. Et là, j’ai vraiment trouvé un monde très riche et varié, des cépages aux vignerons, que j’ai pris plaisir à découvrir.
Thomas Vivant, votre professeur, était certain de votre succès depuis plusieurs mois.
Quelle a été votre préparation ?
Je me suis préparée très longuement, avec mon professeur, d’autres enseignants du lycée hôtelier de Chamalières, des camarades de classe et des collègues de travail puisque j’ai effectué un stage chez Bernard Loiseau. Eric Goettelmann et ses deux sommeliers Lucas et Maxime m’ont énormément assistée pour ce concours. Plus personnellement, ça été très intense au niveau de l’acquisition de connaissances. Cela passe par un livre sur le vin, une expérience, une rencontre et c’est un apprentissage quotidien. Sommelier, c’est un des rares métiers où l’on apprend tout au long de sa carrière et je suis très heureuse d’en être une de ses représentantes...
En avril dernier, vous étiez la seule élève de mention complémentaire
en demi-finale du Concours du Meilleur Jeune Sommelier de France.
Cette expérience a-t-elle été utile ?
Effectivement, je me suis arrêtée aux portes de la finale car face à moi il y avait des candidats redoutables. Des jeunes professionnels plus expérimentés que moi en termes de connaissances et sur le terrain également. Mais cela ne m’a apporté que du positif et a constitué un formidable entraînement en vue du concours Chapoutier. Et surtout cela m’a donné énormément de motivation pour cette épreuve que je voulais absolument remporter.
A 22 ans, vous allez entrer dans la vie active. Où aura-t-on la chance de vous retrouver ?
Je vais m’installer à Paris pour débuter ma carrière de sommelière au Bristol, aux côtés de M. Neveu et de sa brigade au sein du restaurant gastronomique l’Epicure.