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Château Langoa et Léoville Barton : histoire de famille et de terroir

06/15
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Château Langoa et Léoville Barton

Histoire de famille et de terroir


Les Barton constituent une vieille famille d'Irlande. Un pan de son histoire commence à s'écrire dans le Bordelais au 18e siècle lorsque Thomas Barton, arrivé en France pour faire commerce, se prend d'intérêt pour le vin et installe à Bordeaux sa première compagnie qui deviendra plus tard Barton & Guestier. Il devint rapidement le premier négociant de la place de Bordeaux et se bâtit une solide réputation auprès d'une clientèle fidèle dans toute l'Europe. Cependant une loi, le «droit d'aubaine», abolie en 1819, le retient d'acquérir son propre vignoble. Il faudra attendre 1821 lorsque Hugh Barton, son petit-fils, se porte acquéreur du Château Langoa, et en 1825, d'une partie du domaine de Léoville, pour que les fondations de la dynastie du vin soient posées dans le Médoc.
Les Châteaux Langoa et Léoville Barton entreront dans le XXe siècle sous la houlette de Ronald Barton qui redonnera de l'éclat aux vignobles et aux vins après la 2e Guerre dont les domaines avaient beaucoup souffert. N'ayant pas d'enfant, il décide de léguer le domaine et la maison de négoce à son neveu Anthony afin de s'assurer que le bien construit par son ancêtre reste dans le giron familial.
Classés 2e et 3e Grand Cru en 1855, Léoville Barton et Langoa Barton sont assis en plein cœur de la prestigieu­se appellation Saint-Julien sur un sol de graves sur sous-sol argile. Ils couvrent respectivement 50 et 17 hectares. L'encépagement est de 75 % de Cabernet Sauvignon et 25 % de Merlot complété par du Cabernet Franc pour Langoa et de 55 % et 35 % des mêmes cépages princi­paux pour Léoville. La famille garde une forte proportion de vieil­les vignes. Celles-ci sont replantées à un rythme de 2 hectares par an, pas plus, afin de maintenir une qualité cons­tante et le caractère propre aux Cabernets de Saint-Julien.
Les deux châteaux bénéficient des mêmes soins et des mêmes techniques de vinification. Leur différence de caractères réside dans le terroir, «cet assemblage mystique du sol, du climat et du travail des hommes», comme le décrit François Bréhant, le directeur technique. Leurs vins sont une belle représentation de l'appellation Saint-Julien, équilibrés, avec de beaux arômes subtils.

Langoa et Léoville Barton privilégient une approche traditionnelle de l'élevage. Les raisins sont vinifiés en cuves de chêne de 200 hl. Le vin séjourne ensuite en barriques de chêne neuf pendant deux ans. Bien que le domaine soit équipé de matériel dernier cri, pas de course folle à la modernisation. Pour Anthony Barton, on peut faire du vin dans n'importe quel contenant, pourvu qu'on maîtrise la technique et qu'on soit vigilant. Plutôt que de faire de lourds investissements dans le cuvier, la famille a préféré garder les grandes cuves en bois, efficaces et jolies à regarder, mais les a équipées d'un système de contrôle de température. Cette maîtrise des investis­sements, la structure familiale, ont permis de maintenir une politique de prix très raisonnable pour l'appellation, notamment en primeurs. En étant le moins cher des Léoville, Anthony Barton a certainement fait grincer des dents. Mais il s'est assuré une clientèle fidèle et la «non-course» aux profits lui a permis de maintenir les domaines dans la famille.
Désormais Anthony Barton a passé la main à sa fille Lilian. Elle est en charge de la gestion des domaines et repré­sente les châteaux en France et à l'étranger. Dernière «recrue», jeune mais déjà chevronnée, Mélanie, la fille de Lilian, a intégré l'équipe en 2013 et fait ses armes au Château Mauvesin-Barton en AOC Moulis, acquis en 2011 par la famille. Oenologue de formation, elle admet pour l'heure être plus à l'aise dans le chai. Nouvelle génération, mais point de vent de révolution. «Je poursuis la même démarche que dans les autres domaines: faire les vins simplement» et perpétuer la tradition Barton.

Sylvia van der Velden

— www.leoville-barton.com —