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Château de Pressac

17/05/2019
Un château réveillé par un néo-vigneron

Il est venu pour changer de vie, s’enraciner et faire un vin digne des plus grands. Jean-François Quenin rassemble, à n’en pas douter, les rêves caressés par bien des passionnés. Devenir vigneron.

Saint-Emilion. Un mythe pour les collectionneurs, un baptême de rêve pour les néo-vignerons. Ses châteaux séculaires, ses routes serpentines, ses vignes pour horizon, turquoises l’été, ambrées l’automne, et ses vins à perdre la raison. C’est au château de Pressac que Jean-François Quenin s’est converti, à 48 ans. Ancien Directeur Général chez Darty, diplômé d’HEC, il est arrivé, la foi vigneronne chevillée au corps pour étendard. Reconversion spectaculaire, retour à la case départ avec l’obtention d’un CAP à Blanquefort. Ses motivations s’inscrivaient dans une quête d’authenticité. Une manière d’habiter le monde plus fusionnelle. Vivre une tranche de vie de vigneron et de châtelain ! Car c’est au château de Pressac, perché sur un tertre, que fut signée la reddition de la ville après la défaite des Anglais à la Bataille de Castillon, mettant fin à la guerre de Cent ans et à l’occupation de l’Aquitaine par les Anglais. Même si le château a été depuis reconstruit au XIXe siècle dans un style néogothique, un tel héritage impose ses valeurs sous le signe de l’éternité...

Le château fut acquis par Jean-François Quenin et sa femme Dominique en 1997, de gros travaux de restauration et d’aménagement furent entrepris tant sur la bâtisse qu’au sein des 36 hectares du domaine viticole. Celui-ci fut étendu en aménageant des terrasses sur les coteaux escarpés et replanté à 90 % en 22 ans. Avec notamment 1 hectare de Noir de Pressac, éponyme du château, nom local accordé au Malbec, qu’un certain Vassal de Montviel aurait ramené au 18ème siècle depuis son Quercy natal et qui fut plus tard développé par le sieur Malbek et prit son nom. En 2012, ce fut le tour des chais. Rénovation complète avec 40 cuves pour 40 parcelles, différents contenants, matériaux, des vendanges à la main, une table de tri ultra performante… Des investissements qui en disent long sur l’ambition pour les 200 000 bouteilles (Château de Pressac et Château Tour de Pressac). Et le résultat ne se fait pas attendre puisqu’en 2012, alors qu’Hubert de Boüard et Alain Raynaud viennent de prendre leurs marques comme conseillers, le Château de Pressac entre au classement des Grands Crus de Saint-Emilion. Une juste récompense, mais aujourd’hui, un nouveau virage s’amorce : « Pendant 20 ans, nous avons travaillé sur la qualité, aujourd’hui, nous sommes perçus comme un vin sérieux, stable, d’un très bon rapport qualité-prix, mais nous avons les moyens de passer en premier, avec cette exposition en coteau, nos 5 cépages qui se complètent (Merlot, Cabernet Sauvignon et Franc, Carménère et Malbec), un nouveau chai en perspective dès 2020, alors peut-être pour le classement de 2032… ».

Pour l’heure, après avoir réveillé son château, Jean-François Quenin souhaite en finir avec la culture du secret propre aux Bordelais et s’attache à construire une image. Le châtelain ouvre ses portes avec plaisir : 9 000 visiteurs sont accueillis par an au château et il œuvre pour faire entrer le Château de Pressac sur les plus belles tables de la gastronomie.

Bénédicte Chapard

 

 

chateaudepressac.com