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Château Ripeau

17/05/2019
L’enclume d’Edmond veille sur Ripeau

Changement d’étiquette, révolutions culturales, nouvel écrin : les nouveaux maîtres des lieux veulent propulser les vins de Château Ripeau dans l'avenir et au sommet de l'appellation Saint-Emilion Grand Cru Classé. La famille Grégoire, sous la protection de l’enclume, préside désormais à la destinée du domaine.
 

Paolo Basso et Julien Salles

La famille Grégoire ne se sépare jamais de son enclume, présente aujourd’hui dans la tour carrée du domaine, édifice architectural étonnant qui surplombe la vague de Cheval Blanc et les vignes bio de Jean Faure. Elle est devenue l’armoirie d’une famille dont la trajectoire s’est forgée sur des valeurs de détermination et de ténacité. Celle-ci appartenait au grand-père maréchal-ferrant, Edmond Grégoire, charentais d'origine, qui a fondé les Ets Grégoire, puis à son fils James qui a hissé la petite entreprise familiale au premier rang mondial de constructeur de machines à vendanger. Après la vente de l’entreprise en 2000, James acquiert le Château de La Rivière (AOC Fronsac). En 2013, au lendemain de la vente du Château de la Rivière, James Grégoire est emporté par un tragique accident. Il souhaitait s’investir dans une propriété plus prestigieuse et n’aura malheureusement pas eu le temps de connaître l’acquisition de Château Ripeau par ses fils. Aujourd’hui ce sont Cyrille et Nicolas Grégoire ainsi que leurs épouses qui sont aux commandes de ce domaine de 16 hectares d’un seul tenant, voisin des plus grands. Julien Salles, épaulé de l'œnologue Claude Gros, est chargé de réveiller cette belle endormie aux pieds d’argiles bleues, trésor de Pétrus.

Nouvel écrin et révolution culturale sont programmés. Analyse des sols, restructuration du vignoble, 40 000 pieds replantés avec une nouvelle densité, drainage des parcelles, nouveau type de taille pour orienter le flux de sève, et nouvelles orientations techniques dans le respect de l’homme et de l’environnement. Le cheval remplace les herbicides, la confusion sexuelle les insecticides et les produits de biocontrôle les fongicides. Sans compter l’installation d’une station météo sur la propriété pour aider à définir avec précision les dates d’application des produits. Ce modèle de conduite est intégré au système de management environnemental (SME) du Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux pour l’obtention de la certification ISO14001.

Dans le chai, même exigence selon la philosophie « une cuve, une parcelle ». Le tri ultra sélectif permet de récolter désormais « du caviar », foulé directement au dessus de petites cuves tronconiques inversées (72 hl, 62 hl et 52 hl), utilisées pour permettre une meilleure préservation aromatique grâce à une extraction plus douce et plus délicate. Chaque cuve, équipée d’un double système de thermorégulation, permet un travail précis et maîtrisé à toutes les étapes de l’élaboration du vin. Pour la suite, les malos se font en barriques de différents tailles et types de chauffe. « Chaque bouteille est numérotée, gravée et vendue par la Place de Bordeaux sur des marchés pour moitié France et export. On se positionne sur un marché de luxe. Les bouteilles sont présentées dans du papier de soie », précise Julien Salles. Le domaine est partagé en 2 cuvées : Château Ripeau avec 35 000 cols (38 euros départ propriété pour le 2016) et 25 000 cols pour Tour de Ripeau (autour de 18 euros), avec cette nuance sur le 2017 puisque 80 % de la récolte a gelé. « Nous sommes au début de l’histoire », précise Julien Salles. La saga Grégoire ne fait que commencer en terre de Saint-Emilion Grand Cru Classé.

Bénédicte Chapard

 

 

chateau-ripeau.com