Vignerons Bordeaux
Comprenez, géographiquement d’abord, l’une des AOC les plus importantes du Médoc (1500 ha) qui s’étend sur une bande de 6 kms sur trois, englobant cinq communes dont Margaux, au cœur, plantée sur le plateau de Margaux-Cantenac, le terroir le plus remarquable de l’AOC ; historiquement encore, en nombre de crus classés (21) depuis 1855, pour les graves garonnaises de taille moyenne répandues en nombre très conséquent par les alluvions du quaternaire. Au-delà de l’austérité prétendue des sols graveleux, d’un point de vue viticole, c’est une fantastique formation géologique, propice à l’épanouissement des ceps de vigne, qui incite à un enracinement profond, là où la souche puise encore la richesse du soubassement tertiaire.
Assurément, toutes ces bénédictions dues à la formation du plateau de Margaux-Cantenac et dominant les basses terres marécageuses classent ce terroir parmi les plus prisés du Médoc méridional.
Apparenté à la sacro-sainte lignée « LURTON » par son père Lucien, lui-même viscéralement relié à la terre et à la vigne, Henri Lurton arrive bon premier de la nombreuse fratrie, par l’esprit perfectible qui anima son patriarche sa vie professionnelle durant. Il ne s’agit pas moins que d’honorer le patrimoine confié, de poursuivre l’œuvre… Un vignoble de 90 hectares aujourd’hui, dont 45 d’un seul tenant, déjà reconnus avant 1855. Le propos d’Henri Lurton, qui revendique bien haut son inclination charnelle avec la terre, n’est pas tant de rivaliser aveuglément avec les dernières innovations techniques ou avancées œnologiques, que d’appréhender intimement ses terroirs pour tenter d’atteindre une parfaite adéquation sols et vignes. Ici le projet fondé est on ne peut plus explicite : « Parvenir au plus haut niveau qualitatif du grand vin « Château Brane-Cantenac » et de son second « Baron de Brane ».
Au-delà de son imposant bagage professionnel d’avant Brane-Cantenac, ce sont les expériences qui guident Henri Lurton dans son entendement et son investissement professionnels. En douze ans, au fil des expérimentations, c’est cette satisfaction préméditée, de récolter des raisins au summum de la qualité, tant dans la maturité que par l’état sanitaire, qui le touche et le stimule intrinsèquement. De même les façons culturales sont intimement liées au fruit des recherches inhérentes à la pure expression de la «si légendaire» croupe de Brane.
Les labours sont de mise, comme la fumure organique, la taille médocaine (pieds bas pour profiter de l’apport particulier des graves) adaptée selon la vigueur du cep, rendement maîtrisé pour mener les baies à maturité, autant d’avantages prédisposant l’élaboration de grands crus. Les vendanges s’entendent cépage par cépage, parcelle par parcelle, à l’heure fixée par Henri Lurton, après dégustation des baies ; à la suite le tri se fait drastique, et si on opère encore une fermentation malolactique en barriques neuves sur quelques lots, c’est que la climatologie du millésime aura particulièrement bien servi ces parcelles. C’est à considérer comme une mini-révolution qualitative pour le grand vin, qui en dégustation gagne par le bouquet plus complexe et plus fin, le caractère boisé plus fondu, des tanins ronds et soyeux. Où serait-ce encore dû à un élevage de deux mois sur lies fines qui arrondiraient les tanins, en amplifiant le gras ?
Le vin du millésime 2006 au Château Brane-Cantenac est très certainement celui par lequel l’apogée recherchée sera atteinte ! Sans précédent, le vin se révèle exceptionnel, tout en contradictions au regard du déroulement anarchique des éléments climatiques de cette année-là ! Ce qui prouve encore, combien les orientations osées, mais sensées, entreprises par le Seigneur du Château pour son vignoble, sont de nature à lui offrir sa part de rêve…
Quant au millésime 2007, malgré un départ climatique mal engagé, présumons que nanti des mêmes principes de précautions, il suive le cours tranquille de l’excellence.