Vigneron (Gers) - Armagnac
De l’avis de Françoise Dartigalongue «Pour percevoir toutes ses qualités comme ses défauts, il ne faut jamais boire une eau-de-vie à fort volume d’alcool. Il est préférable de la servir quelques minutes avant pour qu’elle puisse s’ouvrir et s’aérer afin d’en ressentir tous les arômes. » Et Ghislain Laffargue de renchérir «L’eau-de-vie, il faut la travailler, la surveiller, l’aérer, la brasser en douceur et en développer tous les arômes, et combien de fois il me faut prendre la pipette, remplir le verre, humer, regarder, goûter, essayer à nouveau et comparer avec patience pour l’amener à 40 ou 42% vol. Voilà le secret de toute l’alchimie du maître de chai avec son Armagnac.» Et pour mener à bien ce vieillissement dans la plus pure tradition, la Maison Dartigalongue ne dispose pas moins de trois chais, qui correspondent à 3 différentes étapes pour élever l’Armagnac et entreposer près de 400 fûts de chêne.
«Le Chai des Moules», chai réservé aux jeunes Armagnacs. Dès leur arrivée de la distillerie à 70% vol., ils vont être réduits d’une dizaine de degrés avant d’être mis en fût pour une durée de 4 à 5 ans dans ce chai. Régulièrement aérés pour mieux exhaler leurs arômes et devenir plus ronds en bouche, ces jeunes Armagnac vont alors commencer à s’imprégner du boisé des fûts. Pour accélérer le vieillissement, le maître de chai va jouer avec les écarts thermiques. En été, la température du chai qui atteint les 45°C permet au «feu» de l’eau-de-vie de s’évaporer. L’hiver, les Armagnacs se contractent avec le froid, accélérant semble-t-il le processus de vieillissement. En fin, tous les 2 ans, au printemps, les jeunes Armagnacs sont pompés dans une cuve pour être réduits de 2 à 3 degrés supplémentaires, toujours en douceur.
«Le Chai du Jardin», c’est le chai « d’imprégnation ». A cette étape du vieillissement, l’Armagnac est descendu dans un chai au sol en terre battue, lien supplémentaire entre l’Armagnac et le terroir. C’est pour cela qu’une attention toute particulière est portée au taux hygrométrique qui est indis-pensable à l’imprégnation de certains arômes. La présence de moisissure est essentielle au vieillissement de l’Armagnac. C’est pourquoi les 165 fûts parfaitement étiquetés et contrôlés, tous millésimes confondus sont régulièrement repositionnés afin de bénéficier d’une parfaite hygrométrie.
«Le Chai de Vieillissement». Ce chai, construit en étage au XIXe siècle est doté d’une magnifique charpente anglaise d’époque et abrite 110 fûts d’Armagnac encore vieillissants et de nombreuses bonbonnes. La «part des anges» de centaines de fûts entreposés a noirci les murs tout au long des années. On se retrouve soudain hors du temps… Les Armagnacs s’adoucissent ici encore de quelques degrés, s’habillent de leur robe dorée tirant vers l’acajou et s’enrichissent des matières tanniques et aromatiques du bois qui se dissolvent dans l’alcool. Pendant 10, 20, 30 ans et plus, ils s’imprègnent alors de toutes les senteurs du bois: vanille, fruits confits, pruneau… la plus jeune réserve de ce chai date de 1989, les réserves des années 1960 et 1963 sont encore en fûts. Le millésime 1959 vient d’être mis en bonbonne sous peine de devenir trop boisé. Chaque millésime a son histoire, que Françoise Dartigalongue et Ghislain Laffargue connaissent sur le bout, non pas des doigts mais des papilles et du nez…
Françoise Dartigalongue et le maître de chai réalisent des assemblages de plusieurs Armagnacs, une responsabilité dont ils sont fiers. Les coupes sont nécessaires pour réaliser une eau-de-vie ayant de la rondeur et de la finesse afin d’obtenir un produit homogène dans le temps. Grâce à cela, vous pourrez découvrir des assemblages Hors d’Âge, 15 ans, 20 ans, 25 ans, 30 ans ainsi que la Cuvée Louis Philippe créée lors du 170e anniversaire de la Maison, récemment dégustée par Philippe Faure-Brac, Meilleur Sommelier du Monde 1992.
Si vous allez déguster les Bas Armagnacs Dartigalongue, Françoise Dartigalongue vous prodiguera ses meilleurs conseils. «Si l’Armagnac reste avant tout un digestif, le meilleur moment pour le déguster, c’est dans la matinée car le palais n’a pas encore été sollicité». Elle nous apprend également que pour déguster un Armagnac à l’apéritif, il faut choisir un 5 ans d’âge, avec un glaçon ou du jus d’orange. Les Armagnacs de 25 ans d’âge, plus fruités, séduisent généralement la gente féminine. Les 30 ans d’âge, plus boisés et vanillés ont un côté plus masculin. Ce spiritueux, toujours changeant, dévoile sa palette d’arômes à sa guise et donne ainsi un côté ludique à la dégustation.
Une fois le verre vidé, il reste toujours une petite goutte d’eau-de-vie dont l’alcool s’évapore pour ne laisser que les arômes les plus subtils et les plus rares qui peuvent facilement embaumer toute une pièce…
Peut-être aurez-vous la chance de visiter le «Paradis» dont seule la maîtresse des lieux détient les clés. Dernière pièce du musée dédié à l’histoire de la Maison depuis sa fondation en 1838, elle cache de véritables trésors telles des bonbonnes de Bas Armagnac Dartigalongue 1848, 1893 ou encore 1900. Quelques dizaines de bouteilles de 1829, dont de l’arrière arrière arrière grand-mère… Un véritable voyage à remonter le temps.
Hélène GEISLER
Bas Armagnac Dartigalongue
B.P. 9 – 32110 Nogaro
Tel: 05 62 09 03 01
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