Portrait de Vignerons Côtes du Rhône
«Notre histoire, nous l’écrivons!» Conscient que son domaine n’a pas encore de passé, c’est vers l’avenir que s’est résolument tourné Patrick Coste. La trentaine à peine, il a donc décidé de remettre en cause la façon dont Henri, son grand-père, et Maurice, son père, avaient abordé jusque-là l’activité de vigneron. «Je voulais bien reprendre l’exploitation mais ne plus le faire en tant que coopérateur. Je n’admettais pas l’idée de travailler toute une année pour mélanger ensuite mes produits à d’autres…».
Ancien vice-président et président de la cave de Courthézon lui-même, Maurice Coste a pourtant conforté son fils dans ce choix. «Il fut un temps où la coopération ne manquait pas d’avantages. Elle limitait l’investissement personnel, assurait elle-même la commercialisation. Mais la philosophie a changé et lorsque je me penche sur l’évolution de la situation viticole, je me dis qu’il n’a pas si mal fait que ça de prendre son envol.»
La première récolte de ce nouveau domaine de 26 hectares (six en appellation Chateauneuf-du- Pape, dix en appellation Côtes du Rhône et dix en vin de pays) est rentrée en cuve en 2004. «1400 hl à vinifier et la satisfaction de glaner nos premières médailles à Orange. Mais en partant de zéro comme c’était notre cas, il fallait à la fois constituer un premier stock, aussitôt travailler commercialement ce millésime, ce qui n’est pas une pratique habituelle à Châteauneuf et commencer à se constituer une trésorerie. Car nous avions à peu près tout investi dans l’achat du matériel, soit 350 000 €.»
Le couple a misé sur la qualité des vins produits et des relations établies avec les clients pour parvenir à créer une image autour du nom du Domaine. Lequel suscite une interrogation naturelle. «Le Pointu, c’est le nom d’une de nos parcelles plantée en blanc et situé sur une colline près du bois de Château Rayas.» De bon voisinage, il est aussi question sur le plateau nourri de galets roulés où s’épanouissent Grenache noir et Cinsault noir. «Ici, nous sommes limitrophes avec les vignes de Beaucastel. Et quand on a un voisin aussi célèbre, on ne peut faire que du très bon vin soi-même.»
Au Foodex Japon, le président de l’ASI Kazuyoshi Kogai
a découvert les vins de Patrick Coste.
Patrick Coste a choisi l’élevage en barriques bordelaises pour les
plus prestigieux de ses vins. La construction prochaine d’un chai
de vieillissement va simplifier son organisation.
Mais aussi remarquables soient-ils, encore faut-il parvenir à communiquer autour de ses vins et à les placer dans un marché extrêmement concurrentiel. «Dès le millésime 2005, avec la qualité de récolte qui s’annonçait, j’ai fait un effort de sélection de parcelles. Et les médailles qui sont arrivées alors ont constitué autant d’encouragements. Mais compte tenu du difficile contexte français j’ai choisi de donner la priorité au marché étranger. J’ai établi une stratégie en direction de marchés bien ciblés et avec l’aide de la Coface, nous avons pu entreprendre les premières démarches en direction de la Chine et du Japon.»
Le pays du soleil levant a d’ailleurs été le premier à découvrir les vins du Domaine le Pointu. Une touche de hasard et beaucoup de sincérité mise dans les discussions ont en effet permis à Karine et Patrick Coste de réaliser les coffrets-cadeaux personnalisés d’une grande entreprise nippone de cosmétiques présente aussi sur le marché hôtelier. «Entre les premiers contacts et la concrétisation, plus de deux ans sont passés. Nous avons donc compris que tout était une affaire de patience!»
Impression confirmée lors des salons professionnels. Vinexpo Asia en 2006 puis le Foodex 2007 au Japon commencent seulement à porter leurs fruits aujourd’hui. Un container a pris la direction de Shangaï aux tout premiers jours de 2009.
Les vins de ce couple entreprenant ont aussi pris la direction de la Russie et de l’Estonie. «Pour le moment nous y allons sur la pointe des pieds. Mais en aucun cas, je ne regrette d’avoir fait ce choix même si j’ai conscience qu’il faut investir beaucoup de temps et d’argent dans cette démarche commerciale. La preuve que j’y crois, c’est qu’aujourd’hui nous travaillons déjà vers des pays où nos vins ne sont guère présents mais où il y a un réel avenir, comme l’Inde ou le Vietnam.»
En parallèle, Patrick Coste pratique une viticulture et une œnologie les plus naturelles possibles. «Nous travaillons en particulier en fonction de la météo et des lunes.»
Quant aux projets, ils sont déjà très clairs dans son esprit. C’est d’abord construire un caveau de réception avec vue sur le futur chai à barriques de 400m², c’est aussi signer en 2009 une cuvée Mathieu, le prénom de son deuxième fils, qui viendra prendre la suite de la cuvée Clément (l’aîné) sortie en 2006. «Et comme nous croyons beaucoup au marché japonais, nous allons créer une Réserve du 150e anniversaire des relations franco-japonaises.»Mêler la qualité à des opérations commerciales originales, voilà pour la marque de fabrique d’un domaine qui a déjà une histoire.
Jean Bernard
Domaine le Pointu
255, chemin de la Grande Allée
84350 Courthézon
Tél./fax : 04 90 51 03 62
www.domaine-le-pointu.com
Envoyez un mail