Alors que la Corse évoque terre de tradition, préservée et authentique, nonchalance, douceur de vivre, les vins de l'Île de Beauté témoignent quant à eux de rigueur, de maîtrise, de travail acharné. La vigne existait déjà sur l'île à l'état sauvage avant l'arrivée des Grecs qui ont commencé à la cultiver. Les vins de Corse n'auront de cesse de conquérir les palais de toute l'Europe. Mais au 19e siècle l'oïdium et le phylloxera n'épargnent pas la Corse et anéantissent ici aussi la quasi totalité du vignoble. Deux crises de surproduction successives et la Grande Guerre sonneront le glas des vins corses.
Leur essor démarre au début des années 70 grâce à la volonté de quelques vignerons – fort décidés à prendre leur destin en main et à améliorer la qualité et la notoriété de leurs vins – qui se regroupent en ce qui deviendra plus tard le Conseil Interprofessionnel des Vins de Corse.
Politique d'arrache massif – totalisant 30.000 hectares dans les années 60, le vignoble représentait en 2010, 5.700 ha –, réimplantation des cépages autochtones, définition des terroirs, ont amené la création de l'AOC Patrimonio en 1968, puis de l'AOC Ajaccio en 1971, suivie de l'AOC Vin de Corse, et enfin Muscat du Cap Corse en 1993. La marche vers la qualité était lancée.
Aujourd'hui la communication des vins de Corse s'articule autour de trois idées directrices : qualité, diversité, typicité, définissant un réel style corse. Le vignoble corse est méditerranéen mais avec des spécificités. Unique vignoble insulaire de France, il conjugue les extrêmes sur une superficie inférieure à celle de l'Île-de-France. Des sommets culminant à plus de 2000 m plongent dans la Mer Méditerranée ; une pluviométrie supérieure au continent mais un ensoleillement exceptionnel de près de 3.000 h par an ; alors que l'île est balayée de vents puissants, ces derniers assurent justement le maintien d'un état sanitaire qui évitent l'emploi d'intrants.
En 2006 le CIV Corse a recentré la communication autour de la mise en avant de trois cépages vedettes : le Niellucciu, le Sciaccarellu, le Vermentinu, des variétés autochtones qui composent l'âme des vins corses. A leur identité forte se rajoute la grande diversité de sols. Des sols granitiques, schisteux côtoient des terres calcaires et argileuses. La typicité des cépages signent le style corse, la diversité des terroirs la conjugue au pluriel.
Alors que les AOC signent une garantie et une démarche de qualité, les Vins de Pays méritent leur place. Ils sont un excellent moyen de découvrir les vins corses par la formidable mosaïque de terroirs qu'ils traduisent et par leur prix raisonnable. Vins de Pays ne veut pas dire moindre qualité. Produits en grande partie par les caves coopératives, ces dernières ont beaucoup entrepris depuis une trentaine d'années pour améliorer la qualité et la représentativité des vins de pays (investissement dans les outils, travail dans les vignobles, définition d'un cahier des charges pour la production...). Prix raisonnables, qualité régulière, les Vins de Pays se sont taillés une belle place sur le marché étranger. Aujourd'hui les rosés se développent (57 % des vins de pays en 2010) à la demande des consommateurs, gourmands de découverte.
Créé en 1966, le Conseil Interprofessionnel des Vins de Corse s'assure une forte présence sur le terrain pour la promotion des vins de l'île. Il axe principalement la communication sur la particularité des vins corse. Ici on n'utilise pas les Crus, des mots visant à définir les vins corses comme élitistes, confidentiels. L'interprofession met au contraire l'accent sur les cépages, l'authenticité, la notion de partage.
Cette image est très forte à l'étranger. 30 % de la production quitte l'île et la France pour alimenter l'Europe – surtout du Nord – l'Amérique de Nord et l'Asie. Dans ces pays, les vins de Corse restent un souvenir de vacances dans la douceur de vivre du Sud. Le travail sur la qualité et la typicité des cépages sont désormais reconnus. Une belle récompense pour les caves corses et le CIV Corse.
Sylvia van der Velden