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Oenotourisme : Château Liouner se lance dans la course

09/08
Vignerons

Vigneron Bordeaux

Oenotourisme en Médoc :
Château Liouner se lance dans la courseSituée au sommet de la presqu’île médocaine, la commune de Listrac, dite le "toit du Médoc", culmine à 43 mètres. Nous sommes au cœur des croupes de graves pyrénéennes, à 35 km à l'ouest de Bordeaux, au siège du Château Liouner.
Les propriétaires, Pascal et Laurence Bosq, ont considérablement agrandi le vignoble au fil du temps ; ce dernier, complanté de cépages classiques (Cabernet Sauvignon à 50%, Merlot à 40% et Petit Verdot à 10%), s’étend aujourd’hui sur 30 hectares. Pascal Bosq, fraîchement libéré de ses responsabilités à la présidence de l’appellation Listrac-Médoc, peut désormais se consacrer à plein temps à son domaine et à ses projets phares pour 2008 : le passage à un mode de culture raisonnée, et l’accueil touristique à la propriété.Chateau Liouner

Vers une culture raisonnée

Lorsque nous avions rencontré Pascal Bosq, alors encore président en fonction de l’interprofession, le 2 avril dernier lors de la soirée des primeurs à Bouliac, celui-ci ne cachait pas sa satisfaction. Solides, charpentés et charnus, les Listrac confirmaient leur niveau pour un millésime 2007 pourtant difficile. Une fierté pour les producteurs, qui cette année encore ont dû faire preuve de prévoyance afin de sauver le raisin des attaques tant météorologiques que du fait des pathologies de la vigne. L’impact d’un changement climatique désormais avéré sur le vignoble interroge de plus en plus de viticulteurs, soucieux de limiter le recours aux traitements phytosanitaires. Ici comme ailleurs, la préoccupation environnementale prend le pas sur la productivité, laquelle d’ailleurs a joué un rôle certain dans la crise que connaissent les vins de Bordeaux en 2004. La préservation de la nature et le respect du consommateur président à une réflexion globale sur les modes de production. Lentement, mais sûrement, les traitements phytosanitaires se réduisent à leur strict minimum et les expérimentations sont conduites en vue d’explorer de nouvelles voies.

La viticulture à un tournant de son histoire

Face à la concurrence mondiale, il est vital pour les viticulteurs de ne pas passer à côté de leur nécessaire conversion vers une culture responsable. Fort de cette prise de conscience, Pascal Bosq modifie progressivement son approche du travail du sol. Cette année, il désherbera sous le rang sur 7 hectares. L’objectif est clair : dès maintenant, il compte remettre la moitié de la propriété en enherbement et l’autre en travail du sol, pour parvenir à la totalité du vignoble en 2010. Il va également acquérir un quad en 2009, ce qui lui permettra de parfaire le travail à la parcelle par un système de tonte et de traitement affiné permettant de réduire significativement les traitements. Mais Pascal Bosq n’est pas homme à se contenter d’initiatives individuelles ; face à un certain attentisme de la profession, il n’a de cesse d’espérer que les viticulteurs mettent leur force en commun : « il faudrait que les producteurs se regroupent davantage, qu’ils se remotivent ensemble », affirme t-il. Et pourtant, que de chemin parcouru depuis que Pierre Bosq, son père, avait repris 1,5 hectare de vigne en 1956 ! Sa gamme comporte désormais cinq cuvées.

La gamme Liouner

La Cuvée Pierre, cuvée de prestige, est réalisée durant les meilleures années (3000 à 5000 bouteilles produites en 2001, 2003 et 2005). Sélection des rangs de vigne, rendement à 35 hl/ha, vendanges manuelles, vinification traditionnelle (élevage de 24 mois en barriques neuves)… Un produit de qualité, élaboré en hommage à son père, Pierre Bosq, disparu en 1999.

Le premier vin, Château Liouner, est le fruit de l’assemblage de Cabernet (50%), de Merlot (40%) et de Petit Verdot (10%) issus des meilleures parcelles. Il fait l’objet d’une vinification traditionnelle en cuve inox et d’un élevage de 12 à 15 mois en barriques neuves à 30%. La production (60 à 70 000 bouteilles / an) est vendue exclusivement aux particuliers et aux cavistes.
Le second vin, Château Cantegric (80 000 bouteilles / an), se destine aux particuliers et à l’exportation ainsi qu’à la grande distribution. Fruité, évoluant avec son temps, c’est un vin de plaisir qui souhaite attirer une clientèle plus jeune.
Le Château La Ruade, vendu en vrac, va voir sa production arrêtée.
En 2007, les époux Bosq ont planté un demi-hectare de Sauvignon Blanc sur un sol argilo-graveleux et de graves pyrénéennes. La première récolte est attendue en 2009, pour un vin haut de gamme.
Enfin, la maison produit un Clairet (3 à 4000 bouteilles par an) commercialisé auprès d’une clientèle de particuliers et restaurateurs.
Globalement, 48% de la commercialisation s’effectue auprès d’une clientèle particulière (salons, foires, restauration, cavistes…), le reste étant effectué par les négociants de Bordeaux, qui se charge d’exporter vers la Belgique, le Danemark et l’Allemagne.
Côté événementiel, le couple participe depuis deux ans au Salon de l’agriculture à Paris, et ne rate jamais les salons de Metz, Nantes et Laval, sans omettre le salon Vinidôme à Clermont-Ferrand.

Chateau Liouner

Chateau Liouner

E.A.R.L. Bosq et fils
Château Liouner
33480 Listrac-Médoc
Tél : 05 56 58 05 62
Fax : 05 56 58 02 14
E-mail

Plus loin dans l’oenotourisme en 2008

Deux fois par an, le domaine Liouner ouvre ses portes au public. Chaque année, fin novembre, ce sont 150 repas qui sont servis à un public venu partager la fin des vendanges et approfondir sa connaissance de la viniculture. L’œnologue de la propriété, Marc Quertinier, détaille aux visiteurs les caractéristiques des cépages : ainsi, le Merlot, cépage dominant, qui apporte fruité et puissance par sa chair ; le Cabernet Sauvignon, qui confère la structure par son impétuosité…
Actuellement, un vent nouveau souffle sur la propriété : le couple concrétise de nouvelles ambitions pour le domaine. "Nous allons développer l’accueil à la propriété : repas, dégustations, accueil de groupes. C’est une véritable orientation vers l’oenotourisme que nous souhaitons opérer, avec un esprit terroir très marqué". La cuisine, traditionnelle, sera réalisée par Mme Bosq elle-même, et les activités proposées seront différentes en fonction de la saison : participation à la taille des fruits, aux ateliers d’assemblage… Il s’agit avant tout de recréer une atmosphère axée sur la tradition, la découverte des produits régionaux et le respect de l’environnement. Des producteurs de Cognac, de foie gras ou des partenaires seront associés dans la démarche, lors de rencontres avec le public.
Parallèlement, le couple étudie un projet de gîte sous forme de chalet en bois, à bâtir sur une parcelle reboisée naturellement. "Nous aimerions recréer des bergeries, des cabanes de résiniers… ", explique Pascal Bosq. Les chalets seront en pin maritime bien-sûr ; le chauffage comme les constructions répondront à des normes écologiques. Un état d’esprit que l’on retrouve largement dans la région, et qui se combine avec la nouvelle approche du travail de la vigne.

CFN