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Château Laujac

22/03/2019
Un secret pas si bien gardé

Nous arrivons penauds avec ce retard aquitain agaçant, et devant nos excuses, Monsieur Duboscq esquisse un petit sourire et assure : « Vous êtes au bout du monde ici, personne n’arrive à l’heure ! ». Château Laujac est un magnifique secret serti de bâtiments du 18e et du 19e siècle, de parcs à bœufs et d’un beau parc. Le site de Laujac est d’ailleurs depuis peu inscrit à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques. Un juste hommage rendu aux Cruse qui dès 1852 agrandissent le vignoble de Laujac et entreprennent des travaux de modernisation et d’embellissement très importants avec l’aide de leurs célèbres régisseurs : les Skawinski.

Ce classement, contraignant, préservera la belle propriété dans ce nord Médoc erronément qualifié de moins glamour. On pénètre la cour d’un viticulteur-éleveur, l’hôte rappelle l’importance de cette activité, et la présence de 400 têtes de bétail et de 170 veaux en atteste. En tout et pour tout 400 hectares sont dans le giron de Laujac, dont 80 hectares de vignes.

M. et Mme Dubosq avec Paolo Basso

Nous tournons le dos aux étables et contemplons le chai majestueux du Château Laujac construit en 1875. L’hôte, très gentleman farmer, évoque un cadre idéal pour la conduite de la vigne : un estuaire à 6km, un océan à 20km et un sol de graves profondes. Dans sa « Topographie de tous les vignobles connus », Jullien lui reconnaît même des analogies avec les vins de Pauillac... Monsieur Duboscq raconte que rien ne fut aisé, qu’il a fallu reconstruire un héritage quelque peu malmené qui passa sous dix hectares avant-guerre, reconstituer des équipes vieillissantes en 2012 et reconquérir un marché qui se détourna logiquement d’une production en baisse. Il était dit que Château Laujac allait pouvoir s’appuyer sur les très beaux millésimes 2014, 2015 et 2016.

Dans la spacieuse salle de dégustation qui offre une imprenable vue sur les prairies et les vignes de ce bout de terres, Paolo Basso, Meilleur Sommelier du Monde, reviendra effectivement sur le grand 2014, qui affiche des tanins d’une grande finesse et une très belle matière. Il est exceptionnel et à bien des égards un millésime de reconquête et une respiration bienvenue qui succéda à l’annus horribilis 2013.

Henry Clemens

 

Ce qu’en pense Paolo Basso

Château Laujac 2015, Médoc
Belle note fruitée aux arômes de cerises, de prunelles, de pivoine, de réglisse et de mûres. Belle attaque riche et d’assez bon volume, une évolution croissante vers un milieu de bouche au corps de structure moyenne, une acidité élevée. Finale longue avec une certaine astringence mais sans amertume. Un vin qui conaîtra une évolution positive en bouteille. Garde : 2021-2030.

Château Laujac 2016, Médoc
Nez bien équilibré entre les arômes du fruit et l’apport de l’élevage : cassis, cerises noires, épices douces, fumé. Très belle entrée en bouche riche et puissante, avec un beau volume dévoilant une bonne sucrosité. Un milieu de bouche bien bâti, des tanins assez riches. Une belle finale intense et persistante assez expressive. Un vin au bon potentiel de développement.
Garde : 2023-2030.

 

www.chateaulaujac.com