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La Grâce Dieu des Prieurs

16/05/2019
A la grâce de l’art russe

Il y a 5 ans, le domaine La Grâce Dieu des Prieurs, Saint-Emilion Grand Cru, a été racheté par Andreï Filatov, un homme d’affaire russe passionné d’art et d’échecs. Puis confié aux mains de l'architecte Jean Nouvel pour faire peau neuve et aux mains de Louis Mitjavile pour y construire un vin exigeant. Le tout habillé en tableaux russes.
 

Si le nom du château renvoie à la discrétion et à l’austérité cisterciennes du temps des prières pénitentielles à la grâce de Dieu, il faut désormais changer d’épithète et de destin. Déroutant, éclectique, audacieux, un zeste profane… voilà ce qui caractérise désormais cette petite propriété de 9 hectares où flotte le drapeau russe. Le nouveau cuvier de vinification, circulaire, est sans doute le plus étonnant : au sol, une anamorphose psychédélique dont le reflet dans l’inox des cuves laisse apparaitre le visage du cosmonaute Youri Gagarine en apesanteur et de Bacchus, le nouveau Dieu de la grâce des prieurs ! À l’extérieur, une fresque où s’affichent en photographies les vendangeurs de la propriété. Et sous la cuverie, deux chais s’insèrent dans une crypte de verre et de béton, évoquant les galeries souterraines de Saint-Émilion. Une passerelle de métal relie au belvédère tandis qu’une chapelle de verre accueille les dégustateurs. Voilà pour la requalification architecturale du domaine. Incroyablement fluide et techniquement irréprochable, alliant pierre, béton, verre et métal. Côté vin, c’est Louis Mitjavile, célèbre winemaker, qui est chargé de superviser la production. « Tout a été repensé intégralement : la manière dont sont cultivés les neuf hectares du vignoble en réduisant notamment les intrants. Nous avons réduit les rendements, changé la manière de tailler en passant d’une taille Guyot au Cordon de Royat pour homogénéiser. Nous récoltons à maturité, nous avons installé une station météo pour être au plus près de nos vignes. Les raisins sont triés sur pieds, éraflés puis mis directement dans les cuves. L’année prochaine, nous allons travailler sur nos propres levures. Lorsque la vinification est terminée, les jus sont immédiatement assemblés. Il y a un seul type d’élevage sur un seul type de barrique avec un type de chauffe. Rien n’est déclassé. C’est le parti pris, la philosophie. Le fait de faire un seul vin, c’est là qu’on perçoit le style, la personnalité de la propriété. Nous ne sommes pas dans la recherche de l’originalité, c’est un travail qui vise l’excellence », précise Louis Mitjavile. C’est avec le millésime 2014 que la nouvelle équipe a inauguré le nouveau destin de La Grâce Dieu des Prieurs, dans un conditionnement loin des codes traditionnels. Les flacons reprennent la forme des premières bouteilles bordelaises dont le tsar Nicolas était friand, et reprennent également sur leur étiquette des tableaux d’artistes russes avec l’une des douze toiles piochées chaque année parmi la collection de la Fondation Art Russe – plus une autre réservée aux magnums. Le packaging est clairement destiné aux collectionneurs, tout comme le sont les coffrets spéciaux agrémentés d’un jeu d’échecs. 30 000 bouteilles de la Collection Art Russe seront en moyenne produites par an, destinées aux marchés haut de gamme, avec un prix de 180 à 215 € TTC par bouteille.

Bénédicte Chapard

 

 

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